PORTRAIT :
Patrick Cohen,
les mélodies d'un passionné

PORTRAIT : Patrick Cohen, les mélodies d'un passionné
PORTRAIT : Patrick Cohen, les mélodies d'un passionné

Patrick Cohen, directeur général d’Axa France, sera l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’Assurance le 12 juillet.
Voici son portrait.

La région parisienne est en plein pic de chaleur et Nanterre, siège d’Axa France, n’est pas épargné. De chaleur il est aussi question dans l’accueil de Patrick Cohen, tutoiement de principe et grand sourire aux lèvres. La climatisation ronronne dans le bureau d’angle du patron, qui se prête au jeu au-delà de toutes espérances. Pour un portrait sensible et très personnel. Au point de revenir sur certains passages, ce que nous avons accepté.

Patrick Cohen est né le 26 juin 1973, à Boulogne Billancourt, « clinique du Belvédère », confie-t-il. « Je suis un cocktail, je suis le fruit d’origines diverses et variées », explique le directeur général d’Axa France. Il poursuit : « D’un côté, c’est Salonique, des origines très méditerranéennes, avec les valeurs de la famille, la chaleur, la bonne nourriture… Le soleil me parle énormément, comme la mer, le grand large ». L’autre pan de la famille vient d’Europe de l’Est et de Russie. Il décrit un côté « plus rigoureux, réservé, introverti. J’ai ces deux composantes et j’ai un peu deux âmes en moi ».
Le mystère ne dure pas car Patrick Cohen détaille comment deux grands parents l’ont façonné, chacune à leur manière. « Mon grand-père paternel était un entrepreneur. Parti de rien après la guerre, il a créé une entreprise et un concept, celui de la mode à prix cassé, qui a eu beaucoup de succès », décrit-il, avec admiration. « Son idée était de mettre les boutiques dans le métro. Tout le monde lui a ri au nez, mais il a eu les concessions bien négocié et ça a très bien marché ! Il a fini avec une centaine de boutiques partout en France ».
Selon lui, il a hérité de valeurs importantes de son père et son grand-père. « J’ai compris leurs ambitions et leurs doutes. L’importance de mobiliser une entreprise, la valeur des équipes, le goût du travail bien fait… ». Voilà pour la partie professionnelle. Qui fait dire à Patrick Cohen que c’est précisément qu’il essaie de porter chez Axa France. « Ce n’est pas mon entreprise, mais je me suis toujours dit que le meilleur moyen de bien diriger une entreprise, c’était de la gérer comme si c’était la mienne », appuie-t-il, en faisant référence à sa volonté de transformation chez Axa France.

Sous influences majeures

L’autre face de Patrick Cohen, c’est la musique, la culture, un grand sourire qu’il arbore et une énergie naturelle. Ce mélange, il le doit à sa grand-mère maternelle. Il en parle avec une émotion sincère, doit parfois chercher ses mots et on le suit dans cette plongée dans des souvenirs heureux.
« Ma grand-mère maternelle… (il marque une pause de quelques secondes) était tout l’opposé de mon grand-père. Parler d’elle m’oblige à contenir une certaine émotion. Elle était veuve très tôt, elle nous a donné tout l’amour qu’elle avait, à sa famille, à ses petits-enfants. C’était une relation de complicité, de sagesse, de légèreté. C’était une femme libre, affranchie de tous les codes. Elle était musicienne, extrêmement créative et d’une intelligence avec toutes ces choses que seules les grand-mères enseignent », explique-t-il.
Si vous imaginiez des « trucs de grand-mères » comme éliminer une tâche sur un tissu ou soigner un bleu avec un peu de glace, vous faites fausse route. Il s’agit d’un apprentissage des choses de la vie. « C’est quelqu’un qui m’a inspiré, à laquelle je pense chaque jour de ma vie. Elle m’a transmis des valeurs différentes et très humaines qui continuent à me guider au quotidien. La défense des plus faibles, la solidarité, de n’avoir peur de rien. Aussi le fait que ce qui compte dans la vie, c’est la sincérité des sentiments et le respect des autres », poursuit-il, toujours avec la même émotion. Il tisse un lien avec sa vie professionnelle. « J’aime profondément le métier d’assureur car il porte ses valeurs de solidarité ».

Aîné de trois sœurs, Patrick Cohen a « toujours baigné dans un univers féminin. Ce sont les femmes de ma vie : ma femme évidemment, ma mère, ma grand-mère et mes trois sœurs. Et ma grand-mère avait un amour pour moi… hallucinant, c’est indescriptible ». Dans cet appartement parfaitement situé rue de Paradis, Patrick Cohen s’initie aux arts et… aux langues étrangères, par la force des choses. « Ma grand-mère étant née au Maroc, elle parlait 7 langues qu’elle mélangeait dans ses phrases. C’était quatre mots de Français, deux en Espagnol, trois en Arabe et le reste en Anglais », rit-il.
Forcément, cette double éducation avec d’une part la rigueur du travail et la réflexion, et de l’autre la sensibilité artistique, ce petit grain de folie et cet amour inconditionnel, ont forgé un petit garçon complet et plutôt bon élève.
La famille habitait à Montmartre, avenue Junot, un quartier que Patrick Cohen adorait. « J’étais plutôt très bon élève, à tel point que j’ai sauté deux classes. Mes parents étaient très fiers et je suis allé au collège à Janson de Sailly ». Toute la famille déménage, ce qui n’est pas du goût de notre invité, et pour plusieurs raisons. « C’était sans doute bien de quitter Montmartre pour mon père, socialement, mais je suis arrivé au collège, j’avais 9 ans, tout le monde faisait trois têtes de plus que moi… » Mais surtout, le petit garçon qu’il est alors doit s’éloigner de sa grand-mère, son refuge qu’il rejoint dès que possible. « Je me retrouve dans cet endroit magnifique mais pour la première fois, c’était dur. Je me suis dit, ‘j’atteins mes limites’ ».

La musique en compagnie

Sa passion profonde, c’est la musique. « C’est grâce à ma mère que je me suis mis au piano assez jeune. Ce fut ma rencontre artistique avec la musique. L’art provoque quelque chose. Par exemple, la photo me touche, mais la musique me transporte. Si je ne joue pas pendant 48h, il me manque quelque chose. La musique est ma meilleure amie, celle qui a toujours les bons mots. En fonction des humeurs, de ce dont j’ai besoin, dans l’énergie, dans la fête, dans la joie, peut-être quand on est plus mélancolique, la musique a réponse à tout », décrit-il. Il dit qu’il dormait avec sa guitare et avoue tout le bonheur que jouer lui procure.
« J’ai découvert avec le temps que jouer en groupe et jouer sur scène est une expérience incroyable. Ça fait partie des trois plus belles expériences de ma vie. C’est un plaisir incroyable et ça m’a servi même dans ma vie professionnelle. C’est l’harmonie avec le groupe, la connexion avec le public, le partage et la discipline de ce que l’on fait. Je suis dans mon jeu mais il faut jouer avec les autres, il faut que ce soit harmonieux et que ça plaise. Quand ça prend… on s’envole ! », ajoute-t-il avec ferveur. « Quand on reçoit cette énergie, c’est magique… Mes premières fêtes de la musique, on jouait 6, 7 heures de suite, je finissais sans plus sentir mes doigts en sang ». Le plaisir de la scène est plus rare maintenant, mais Patrick Cohen se permet quelques extras chez Axa France, où il a joué pendant la fête de la musique ou des événements internes.
Le temps file et la fin de l’entretien approche. La vie professionnelle a peu été abordée mais elle facile à trouver partout. D’autant que Patrick Cohen n’en a pas fini de ses passions !
Bon élève, il estime qu’il « avait des facilités. J’étais… (Il prend quelques secondes) sérieux, je prenais ça sérieusement, et je n’avais pas trop le choix », lâche-t-il dans un rire en référence à parents. « Je n’ai jamais causé de problème à mes parents. Mes bêtises étaient des petites bêtises », complète-t-il. En cours, ses matières préférées sont celles qui aident à la compréhension du monde. « J’étais très porté sur la philosophie, l’économie… J’aimais bien les maths et puis les langues. Là pour le coup, si j’avais pas été bon en anglais et espagnol… c’est ma grand-mère qui m’en aurait voulu ! »

À côté de l’école et de la musique, il y a aussi le sport ! Pourquoi choisir ? « J’adorais le foot. Je n’étais pas Zidane mais plutôt Deschamps, pour qu’on fasse mieux tous ensemble. J’ai toujours eu ça, dans la musique ou le boulot. Ma philosophie, c’était on va tout donner. Si on gagne c’est bien, si on ne gagne pas, on n’aura pas regret parce que justement, on aura tout donné. »
Il a fait du foot, volley, natation ou du tennis, « mais je préférais beaucoup plus les sports collectifs. J’ai gagné 2 fois le tournoi de foot de Janson – c’était quelque chose mais on ne m’a pas laissé le mettre sur mon CV », dit-il très sérieusement… « C’était un truc hallucinant, c’était notre finale de Coupe du Monde ». On sent que c’est une affaire très sérieuse pour lui, et que des années après, certaines choses ne passent pas. « J’ai marqué un but en finale en seconde. Je m’en souviens parfaitement et ça reste une blague avec mes amis. L’arbitre a estimé que j’avais touché avec la main, il me l’ont refusé, alors que ce n’était pas vrai ! » Après coup, Patrick Cohen est un passionné, il fait les choses à fond.

Ami à vie

Et c’est pareil en amitié. Il a gardé la même bande d’amis depuis les années collège. « J’ai cinq potes, ce sont toujours les mêmes. On a tout fait ensemble, les 400 coups dans la jeunesse comme traverser des moments plus difficiles après », explique-t-il.
Un de ces moments durs est la disparition de sa grand-mère. « J’ai pu aller en en Italie, changer de décor. J’ai bossé pour Mc Kinsey là-bas. Et j’ai rencontré l’autre amour de ma vie », confie-t-il en parlant de sa femme. Il parle avec fierté de ses trois jeunes enfants qui ont grandi en Italie et du grand bonheur de leur faire découvrir l’histoire et la culture française. « C’est très important pour moi », conclut-il.

On comprend également qu’il est tombé amoureux de l’Italie, « est un pays superbe dans lequel je n’ai eu aucun mal à m’adapter ». Et pour cause, tout lui parle. « La famille est une valeur très forte là-bas. C’est ma colonne vertébrale, c’est ma force, c’est un refuge et c’est quelque chose que la société italienne, qui a mille difficultés par ailleurs, conserve. Les repas en famille, c’est sacré. C’est comme la culture dans laquelle j’ai grandi, le repas en famille, ce n’est pas possible de ne pas y aller, et ce n’est pas possible de refuser un plat ! (il rit) Je me retrouve dans un pays où il y a le foot, l’art, la bonne nourriture », dit-il, comblé. Pour illustrer le tout, il n’hésite pas à montrer une photo de Ravello, sur la côte Amalfitaine sur son téléphone, alors que l’heure de fin est déjà dépassée…

Mais toutes ces passions, tout ses souvenirs, valaient bien une petite entorse de quelques minutes. Avant de replonger avec la même énergie dans le travail.