PORTRAIT :
Delphine Maisonneuve,
une trajectoire de choix

PORTRAIT : Delphine Maisonneuve, une trajectoire de choix
PORTRAIT : Delphine Maisonneuve, une trajectoire de choix

Delphine Maisonneuve, directrice générale du groupe Vyv, sera l’invitée du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’Assurance le 20 octobre.
Voici son portrait.

Depuis quelques mois déjà, le groupe Vyv s’est installé dans le 13e arrondissement de Paris, dans un immeuble refait à neuf. Delphine Maisonneuve est ponctuelle et directe, pour un entretien tout en efficacité et en subtilités, glissées ici et là.

Delphine Maisonneuve est née le 26 septembre 1968, à Paris.
« Ma seule particularité, c’est que je viens d’une famille nombreuse. Mon père n’était pas cadre supérieur et ma mère n’était pas prof, mes deux parents sont pianistes. Mon père est sud-américain donc je suis binationale », lance-t-elle d’emblée, pour planter un décor mais également en réponse aux portraits des précédents invités qu’elle a lus dans La Lettre de l’Assurance
Elle se considère comme « normale » – même si sa directrice de cabinet lui avait conseillé de ne pas utiliser ce mot – avec une vie de famille « simple et traditionnelle ». Mais elle sait jouer des concepts et manier le second degré. « J’ai grandi dans un environnement atypique, dans l’ouest parisien qui est tout sauf atypique. Je me suis toujours sentie un peu différente, très heureuse, très entourée, mais différente des enfants de cadre sup’ que j’avais autour de moi… Ça forge un caractère », ajoute-t-elle.

Elle raconte très naturellement la rencontre entre ses parents. Ils participent à une master class de piano, à Paris. La jeune femme est alors fiancée à un jeune homme « d’une grande famille. Elle a expliqué au bout de neuf mois à mes grands parents qu’elle voulait finalement épouser le pianiste venu d’un petit pays d’Amérique du Sud inconnu. Mon grand-père a pris la mappemonde et a demandé ‘mais c’est où l’Équateur ?’ », s’amuse-t-elle. Non content d’avoir trouvé le pays, le grand-père maternel de notre invitée se met en relation avec le consulat de l’Équateur pour en savoir plus sur la famille du jeune homme. « Quand le consulat a répondu que la famille était sérieuse, il a dit : ‘bon, faut réfléchir’, ce à quoi ma mère a répondu : ‘c’est tout réfléchi, c’est lui ou personne’. Ils se sont mariés deux mois après », rit-elle.
Aujourd’hui, ses racines équatoriennes comptent. « C’est une très grande famille, avec beaucoup d’oncles et tantes. Ce sont des entrepreneurs, mais il y a un peu de tout, même un assureur ! » Elle a demandé la double nationalité, « pour que mes enfants puissent l’avoir également. Je suis avant tout française, mais il y a un côté appréhension du monde, sérénité, goût pour les gens différents qui vient de cette double culture. J’avais été très marquée à l’époque Pasqua, quand mon père – qui n’avait pas la nationalité française – est revenu un jour à la maison en nous expliquant que son titre de séjour n’avait pas été renouvelé… » Pour Delphine Maisonneuve, cette double identité lui a donné « une conscience de la qualité du modèle social français, et une capacité à dire que le monde n’est pas que Français, il y a d’autres manières de penser et d’interagir avec les personnes. »

Élève sérieuse et déterminée

Son enfance est marquée par le décès prématuré de son petit frère, à l’âge de deux ans, ce qui a donné à Delphine Maisonneuve la connaissance « des choses vraiment importantes dans la vie ». Malgré cette branche de la famille d’origine étrangère, « on ne parle que français à la maison, parce qu’à l’époque c’est très mal vu de garder sa langue ». Concertiste international, le père de famille veut surtout que ses enfants travaillent l’anglais. Delphine Maisonneuve n’apprend même pas l’espagnol à l’école, les professeurs poussant la bonne élève qu’elle est à choisir… le russe.
« J’étais une élève sérieuse, disciplinée mais en revanche détestant les règles inutiles. Je peux rire beaucoup en dehors, mais le boulot, c’est le boulot », affirme-t-elle. « J’étais dans une école de fille, très très cadrée. Je me suis fait des bonnes copines », complète-t-elle. La règle à la maison est qu’avec une bonne moyenne, la jeune fille est autonome. « J’avais compris le truc, je restais au-dessus de 15 et tout allait bien ».
Enfant, elle veut faire pianiste, comme ses parents. Sa mère lui demande alors : « peux-tu passer une ou deux journées sans poser les mains sur le piano ? » Elle répond que oui, et se voit encourager… à faire des études. Elle explique, avec le recul, cette conversation : « Ce métier est tellement dur qu’il faut que ce soit plus qu’une passion… Mon père est parti à 12 ans en Europe pour apprendre le piano. Moi, j’ai arrêté et je me dis tout le temps que je m’y remettrais quand j’aurai un peu de temps… Et quand je commence à en avoir, je change de boulot ! » sourit-elle en référence à son arrivée dans le groupe Vyv. Delphine Maisonneuve assure encore une fois qu’elle se remettra derrière un piano un jour.
La culture de l’effort et du travail est solidement ancrée dans la famille. Si ce n’est pas le piano, ce sera les études. « Ma grande sœur faisait une école de commerce, elle était assez brillante. Je ne voulais pas faire comme elle, j’ai choisi de faire une école d’ingénieur », se souvient-elle.

Elle prend alors la direction du lycée Hoche et découvre… un nouveau monde. « Je suis passé d’une école de filles à une prépa où nous étions 7 filles sur 42 élèves. Il y avait des inscriptions sur les murs que je ne comprenais pas », sourit-elle, « je sortais d’un environnement très protégé ».
La sortie de prépa marque le vrai départ du cocon familial. « J’ai commencé par me fâcher à mort avec ma mère. Ça n’a pas duré très longtemps », s’amuse-t-elle. « Moi j’avais décidé que je prenais mon indépendance, donc je voulais habiter en ville, dans un petit studio. Mes parents n’ont pas accepté, ils voulaient que j’aille dans la cité universitaire à côté de l’école, pour être plus proche. J’étais furieuse, mais ils avaient raison. Pour se créer le réseau, les amitiés, être sur place était la meilleure chose. C’était sympa, Lyon est une ville très agréable. Et mon mari était pris aux mines de Saint-Étienne, donc je connais très bien l’autoroute Lyon – Saint-Étienne », rit-elle franchement.

Des métiers en test

À Centrale, elle sait ce qu’elle a à faire. « Je suis dans une logique de passerelle pour découvrir mon futur métier. Dans les matières déjà. La mécanique des solides, l’électrotechnique… J’étais clairement pas une ingénieure ». Et elle s’évertue alors à cocher les cases. « J’ai testé ingénieur industriel, c’était vraiment pas mon truc. J’ai ensuite fait un stage en banque, où je faisait des simulations de modèles bancaires, je me suis emm**dée, ce n’était pas possible non plus ! La dernière année, Centrale nous imposait un stage industriel. C’était ubuesque, je travaillais sur les trajectoires des missiles sol-air, je me suis ennuyée à mourir », raconte-t-elle avec une franchise déconcertante.
Delphine Maisonneuve cherche partout l’entreprise, la trajectoire qui fera sens. Au cours de sa dernière année, elle lit deux interviews de Claude Bébéar, le fondateur d’Axa, qui vont être une grande découverte. « Je l’ai trouvé hyper inspirant. Sur la mondialisation, le fait de dire que l’assurance était un vrai métier, ce que ça apportait. Moi qui avait envie de travailler dans un environnement international, de travailler dans les services, je me suis dit que l’assurance ça se tenait peut-être. » Elle postule à la sortie de l’école, est recrutée et y restera trente ans. « J’étais déjà avec mon mari et nous nous étions dit que pour que l’on puisse évoluer à l’international, il fallait que l’on soit dans deux grands groupes », détaille-t-elle. Et de préciser : « Je n’avais pas l’intention de me mettre en numéro 2, et lui non plus, ce qui est très sain. »

Nous avons bien compris que Delphine Maisonneuve avait besoin de défi. Aucune surprise donc à l’entendre expliquer que chez Axa, « chaque fois que je m’ennuyais ou que je commençais à réfléchir, on me proposait une nouveau virage, un nouveau métier, une nouvelle localisation. Je ne me suis jamais ennuyée ».
Son expérience au Brésil lui donne l’occasion d’approfondir le marché de la santé, et ça lui plaît. « J’ai eu un questionnement sur la stratégie du groupe, si ça me convenait pour les 10 prochaines années. La santé était devenu le sujet concret sur lequel j’avais envie de passer du temps et de l’énergie. Et est arrivée la sollicitation du groupe Vyv… Le premier groupe de santé en France, avec beaucoup de métiers différents, je me suis dit que si je ne quittais pas Axa pour cette opportunité, je ne partirais jamais. » Elle saute le pas pour le projet.

Plus jeune, elle pratique un peu de sport mais le piano lui prend beaucoup de temps. Plus tard, elle en fait un peu plus et aujourd’hui, « En complément plus qu’en besoin. Je me suis mise un peu à la course, mais c’est récent, j’espère que ça va durer », lance-t-elle dans un rire.
Le week-end idéal de Delphine Maisonneuve se passe en famille, « avec toute ma tribu, mes quatre enfants et mes deux petits-enfants et les pièces rapportées : le copain de mon fils, le mari de ma fille, le copain de la troisième, dans un endroit sympa où va prendre l’apéro, se balader, profiter ensemble. On écoutera de la musique mais très diverse, parce que les goûts sont très éclectiques. Des rires, une bonne table, et des jeux de sociétés parce que mes enfants adorent ça. Moi je joue peu, mais je profite des petits enfants tôt le matin. Le lieu importe peu, mais s’il fait beau, c’est mieux. » Des plaisirs simples, à vivre complètement.

  • TAGS :