Questions à... Luzia Altayrac, responsable du développement des partenariats chez Force Femmes

Qu'est-ce que Force Femmes

Nous sommes une association reconnue d'intérêt général, fondée en 2005, qui a trois missions sociales.
La première, au cœur de l'association, est d’accompagner des femmes de plus de 45 ans vers le retour à l'emploi ou la création d'entreprise.
Mais il existe deux missions connexes qui sont l'information et la sensibilisation des entreprises au sujet de la diversité et le travail avec les pouvoirs publics sur la lutte contre les stéréotypes et sur les questions de liens intergénérationnels.
L'association a été fondée par des femmes, Véronique Morali, Françoise Holder, Anne Méaux, trois femmes « puissantes », entrepreneuses, qui ont un réseau et qui se sont justement demandées comment aider des femmes qui n'avaient pas de réseau. Force Femmes est née de ce constat pour donner de la force aux femmes.

Comment aidez-vous ?

Depuis sa création, l'association a aidé plus de 25 000 femmes. Nous accompagnons environ 2 000 femmes par an. Environ 60% de nos candidates se tournent vers le salariat, 40% vers l'entrepreneuriat ce ratio a augmenté depuis le covid. Nous voyons maintenant beaucoup de reconversion, de quête de sens dans le travail suite à cette période complexe.
Nous travaillons avec 900 bénévoles, recrutés sur leur compétences, à travers 9 antennes dont la principale se situe à Paris. Les hommes sont les bienvenus mais nous avons beaucoup plus de femmes pour accompagner les candidates. Enfin, l'association compte 15 salariés pour son fonctionnement.

Pour quels résultats ?

Aujourd'hui, accompagner une candidate coûte environ 800 euros, et plus de 2 500 euros en valorisant le temps des bénévoles. Le temps d'accompagnement pour un retour à l'emploi salarié est d'environ 9 mois. Sur la création d'entreprise, l'accompagnement est plus long et peut durer 18 mois, sachant que parfois elles arrivent avec simplement une idée. Les bénévoles ont un rôle de conseil et d'aiguillage pour les accompagner au mieux.
En 2021, le taux de réinsertion est de 50%. Une femme sur deux retrouve un poste, en CDD ou CDI, ou crée une entreprise.

Quelle est la spécificité de vos bénéficiaires ?

Les femmes que nous accompagnons font face à de nombreuses difficultés.
Elles sont à un âge auquel elles doivent aider parfois un parent.
Celles qui ont eu des postes importants se confrontent à un certain jeunisme, par rapport à des candidats qui peuvent être perçus comme plus agiles, et plus à l'aise avec les outils numériques, montrant une certaine capacité d'adaptation en bougeant souvent – ce qui n’est d’ailleurs pas toujours évident dans la réalité des entreprises vivant du turnover récurent de leurs effectifs...
Les entreprises se disent aussi qu'une femme de 50 ans ou plus sera moins adaptable qu'un jeune, avec plus de charge familiale. Ce sont des difficultés auxquelles se heurtent de nombreuses candidates lors de leur process de recrutement...
De nombreux stéréotypes persistent donc sur les seniors. Entre un homme et une femme du même âge, à compétences égales, une femme va mettre 2 à 3 fois plus de temps à retrouver un emploi. Il y a 700 000 femmes de plus de 45 ans en France qui cherchent un emploi.

Témoignage de Céline ALIX, créatrice d'entreprise

Quel est votre parcours ?

J'ai travaillé pendant 20 ans comme webdesigner dans un grand groupe. Je suis partie en juillet 2019, dans un contexte compliqué. J'ai bénéficié d'un congé mobilité et j'ai souhaité faire une formation. J'ai obtenu un Bachelor de chef de projet digital et j'ai tout de suite cherché du travail. On me disait que mon profil était très intéressant, mais on ne me rappelait pas. Je pensais avoir toutes les qualités : j'avais 20 ans d'expérience, j'avais une formation récente, beaucoup d'atouts.
Je me suis demandé si j'avais des exigences salariales trop grandes, mais je me suis rendu compte que non... Je ne comprenais pas.
Il y avait peut-être des postes qui ne me correspondaient pas, ou on me demandait des choses contraires à mes valeurs... ça a joué aussi.
Il y a eu de tout. J'ai beaucoup été contacté mais pour être consultante. On m'a fait remplir des dossiers de compétences, passer deux à trois entretiens dans la même société et après plus rien. Plus de nouvelles. C'est difficile, quand on a travaillé pendant 30 ans sans interruption.

Quel a été votre premier contact avec Force Femmes ?

C'est ma conseillère Pôle Emploi qui m'a donnée les coordonnées de Force Femmes. Je cherchais du travail depuis quelques mois déjà, je me sentais assez seule, un peu démunie, et je les ai contactées en octobre 2021.
L'association m'a invitée à un atelier et dans un premier temps, c'était pour retrouver du travail dans une entreprise. J'ai vu au bout de quelques semaines, j'ai compris que ça ne me correspondait plus et on m'a parlé de l'atelier « motiver pour créer ». Dans ce programme pour entreprendre, je me suis tout de suite sentie bien. Les intervenantes sont à l'écoute, bienveillantes, avec toujours une réponse, une solution. Je me suis tout de suite sentie bien prise en charge. Nous avons avancé étape par étape, en se posant les bonnes questions. Vraiment, je me sens privilégiée d'avoir eu accès à ce programme. Je n'avais jamais eu un tel accompagnement, de cette qualité. C'est un couple qualité humaine et intervenant haut de gamme. Ce sont des personnes qui vous apprennent des choses, qui savent de quoi ils parlent. Ce ne sont pas de simples ateliers basiques, mais ils vous apportent vraiment.
Je suis à la fin du parcours mais, encore aujourd'hui, je suis suivie par ma référente. Nous ne sommes pas lâchées dans la nature, et c'est très important car elle est très dynamique, elle a des réponses à toutes mes problématiques. Elle me booste et c'est essentiel dans la création d'entreprise.

Que retenez-vous de Force Femmes ?

Le fait d'être entre femme ne change pas grand chose pour moi, mais j'ai senti que ça comptait beaucoup pour d'autres participante. Elles étaient bien plus à l'aise par le fait d'être entre femmes.
Dès que mon projet sera lancé, je me mettrais en contact avec Julie, qui m'a suivie, pour aider l'association. C'est la moindre des choses. Elles m'ont tellement apporté. Je ne pense pas que je serais allée aussi vite et aussi loin sans l'association. Là, on nous apporte les solutions, on nous accompagne et c'est stimulant. Ça m'a fait du bien aussi d'avoir des comptes à rendre, une référente.
Aujourd'hui, j'aimerais que mon entreprise grossisse et j'aimerais faire venir d'anciens collègues pour venir travailler avec moi. Pour résumer Force Femmes, c'est la générosité.
Elles sont généreuses, il n'y a pas de rétention d'information, bien au contraire, et je les en remercie.

Céline ALIX lancera dans les prochaines semaines sont site pour accompagner des petites entreprises dans la création de leurs sites internet et leur présence en ligne.

Témoignage de Michelle*

Quel est votre parcours ?

Au début de l'année 2022, je cherchais du travail. J'ai vécu une période de flottement entre la fin d'année 2021 et 2022. Les stop and go du covid pesaient. J'avais exercé pendant un an et demi en indépendante mais je trouvais que porter cette offre en solo ne mettait pas en valeur plusieurs de mes qualités. J'avais besoin de trouver une équipe et de faire, pas seulement conseiller. J'ai commencé à postuler, j'ai passé beaucoup d'entretiens, pour des postes à hautes responsabilités, sans que ça ne débouche sur un poste. Je faisais le chemin inverse en revenant à un contrat et un salaire. Être indépendante, ce n'était pas du tout dans ma personnalité. En janvier 2021, j'ai 46 ans, je suis très diplômée et je découvre la difficulté de retrouver un poste. Je me suis dit, avec le temps, que ça allait devenir sensible et qu'il fallait trouver une solution.

Comment êtes-vous arrivée à contacter Force Femmes ?

Je connais assez bien le milieu associatif français et européen, mais je n'avais jamais entendu parlé de Force Femmes. C'est par l'intermédiaire d'une personne plus éloignée de mon réseau habituel, qui s'interrogeait sur le fait que je ne trouvais pas de poste, que j'ai découvert l'association. En janvier 2022, on retrouvait des possibilités de sortir et de se réunir. Je suis allée sur Internet, j'ai trouvé l'association, je me suis inscrite aux newsletters et j'ai découvert le programme, les ateliers physiques. Je cherchais une place en présentielle, ça comptait beaucoup pour moi car le covid avait mis en sommeil les réunions, les possibilités de tisser des liens, de rencontrer son réseau. Malheureusement, il n'y avait plus de places disponibles...
L'association a mis en place un contact dédié et quelqu'un m'a appelée pour me proposer un entretien téléphonique avec une personne pour échanger. C'était comme un coach mais ce n'était pas présenté comme ça. J'ai accepté avec beaucoup d'enthousiaste, sans trop calculer.

Pendant ce premier entretien, elle m'a écoutée, pendant une heure. Elle m'a posée quelques questions et a synthétiser ce dont j'avais besoin, y compris sur l'accompagnement. Selon elle, j'avais besoin de retrouver un peu de confiance en moi et faire le point sur les postures, les attitudes... Des petits points d'ajustements, très très utiles.

Comment s'est passé l'accompagnement ?

Au final, nous n'avons pas fait de rencontres physiques. Nous avions des échanges efficaces, un rendez-vous par semaine, de 45 minutes, pour faire le point, revenir sur les entretiens. À partir de la mi-février, je faisais un entretien par jour et l'accompagnement de la coach a été très très précieux. Elle m'a aidée à recentrer et à me positionner autrement, y compris évaluer le besoin de cesser ou continuer certaines processus de recrutement.
Avoir une femme au bout du fil était important, mais c'était surtout son expérience, ses qualités. Quand on a de l'expériences professionnelle, quand on a eu à recruter nous mêmes, on sent et on voit très vite la panoplie de compétence et la solidité de l'interlocutrice, de sa distance et d'expérience de vie. Elle est tombée à pic, ce n'était pas juste un concours de circonstance. Elle touchait juste à chaque fois. Et ça a rapidement fonctionné. Début mars, j'ai eu des propositions concrètes et quelques jours après, je signais un contrat.
Force Femmes m'a permis de retrouver de la confiance dans mes compétences, et je suis prête à rendre à l'association ce qu'elle m'a donnée.

*Le prénom a été changé