PORTRAIT :
Cyrille de Montgolfier,
le chant des cimes

PORTRAIT : Cyrille de Montgolfier, le chant des cimes
PORTRAIT : Cyrille de Montgolfier, le chant des cimes

Cyrille de Montgolfier, directeur général de Gras Savoye Willis Towers Watson France devait être l’invité du Petit déjeuner Off du 10 novembre. La situation sanitaire en a décidé autrement. L’événement est reporté mais se tiendra en 2021.

C’est un rendez-vous à distance comme le veut la norme en ce début de mois d’octobre.
Cyrille de Montgolfier sort du Covid-19 et se trouve en Bretagne, pour des raisons familiales plus que pour des raisons sanitaires. Entretien enlevé, en polo et tout en détente.

Cyrille de Montgolfier est né le 11 septembre 1961, « à Paris 8e, clinique Marignan ».
« Ma femme et moi avons deux mois d’écart et elle est née dans la même clinique », explique-t-il.
Un conseil, ne lui dites pas qu’il est Parisien. « J’ai toujours habité Paris mais je suis Ardéchois pur sucre », rétorque-t-il. « 3 de mes 4 grands-parents sont de la même ville d’Ardèche, j’y ai toujours passé mes vacances, mon cœur est ardéchois ». C’est dit.
Enfant, Cyrille de Montgolfier est un élève « dissipé, mais plutôt pas mauvais, ce qui me valait l’indulgence des mes profs », avoue-t-il.
Indulgence également dans la famille ? Il rit : « je suis le petit dernier d’une famille de 5, je pense qu’ils avaient passé l’âge d’être sévère ! Ils l’ont plus été avec mes frères et sœurs ! »
Enfant, Cyrille de Montgolfier se rêve… ambulancier. « J’ai toujours été un fanatique de voitures… ça m’ait passé et après j’ai voulu être avocat. Je ne l’ai jamais été mais j’ai épousé une avocate », confie-t-il. Il fait du judo et du handball mais ne pousse pas la carrière sportive. « J’étais sportif moyen », illustre-t-il, avant d’expliquer : « J’étais pas mauvais, mais je n’étais pas très bon ».
À cette époque, il fait un passage chez les scouts qui ne dure pas bien longtemps.
« J’ai été viré des louveteaux », raconte-t-il, « parce que les cheftaines estimaient que c’était mieux pour la meute si je n’en faisais pas partie », rit-il. Il entre alors dans une chorale d’enfants. « J’ai passé des années merveilleuses. C’était difficile, nous avions trois répétitions par semaine, dont une qui durait tout le samedi après-midi. Nous faisions deux tournées dans l’année, à Pâques et l’été, et j’ai adoré ce moment là. C’est là que j’ai appris la musique. » Il arrête lorsqu’il mue, mais nous dit continuer de chanter « un peu ».

Du droit et des opportunités

L’actuel DG de Gras Savoye WTW suit une scolarité sans encombre à Paris, du collège Fénelon à la fac de droit d’Assas en passant pas le lycée Saint Jean de Passy.
Le droit est une passion, Sciences Po de la curiosité. Mais l’ENA ? « Tout ça s’est fait assez naturellement. Au début, c’est parce que les copains le préparaient que je m’y suis intéressé. Les matières me plaisaient, ça m’a vraiment plu. Une fois pris, ça c’est bien passé, alors que je ne suis pas du tout d’une famille de hauts fonctionnaires… ».
Pourquoi ne pas avoir fait avocat ? « J’avais fait des stages dans des cabinets d’avocats. La matière me plaisait, mais la façon de l’exercer me plaisait moins. Mais le droit m’a toujours été vraiment cher. Mon rêve, à l’ENA, était d’entrer au Conseil d’État, et c’est ce que j’ai eu la chance de faire ».
Il a conscience de sa chance et de sa grande liberté d’études. « Si j’avais dit au moment du bac que je voulais faire ambulancier, mes parents n’auraient peut-être pas très bien accueilli la nouvelle. Mais le droit, ça ne posait pas de problème », s’amuse-t-il. Même pour l’ENA, il ne subit aucune pression. « J’avais dit que si je n’étais pas pris, je ne le repasserais pas, et personne n’a insisté », explique-t-il.
À l’époque, il bûche les matières avec un camarade qui sera lui aussi pris dans l’école, un certain Augustin de Romanet. En sortant de l’ENA, il entre donc au Conseil d’État. Il en garde un souvenir fort. « J’y ai passé quatre ans. C’était de très grandes salles, avec beaucoup d’échanges. C’est une maison que j’ai adoré et j’y ai conservé un tissu amical ».

Transformation chez Renault et au CEA

C’est une de ses relations au Conseil d’État, Martine Aubry, qui lui propose d’entrer chez Renault, à mi-temps, en plus de sa mission publique. « J’ai travaillé avec Patrick Faure, le secrétaire général de l’établissement, pour accompagner le changement de statuts de Renault. C’était une période passionnante, nous partions d’une feuille blanche », se souvient-il, subitement plus volubile.« J’ai beaucoup travaillé à ce moment là avec le président Raymond Lévy, pour qui j’avais un très grande affection, qui était un type remarquable ». Le « deal » était alors de rester chez Renault après ses 4 ans au Conseil d’État. « Ils ne m’ont rien proposé de passionnant. J’avais le défaut, à l’époque, d’avoir 29 ans, donc je ne suis pas allé chez Renault… » Il en garde une petit déception qu’il exprime à demi-mots. « Je m’y plaisais bien, et je ne me voyais pas faire toute ma carrière au Conseil d’Etat et c’est comme ça que je suis entrer dans le privée. Renault, c’était une entreprise très attachante, c’était un produit que j’aime et c’était une période de transformation ».
Il ne se pose pas la question du secteur d’activité mais suit un principe : « à aucun moment la taille de l’entreprise n’a été un facteur décisif. Les défis, la transformation m’intéressent plus. Le nombre de 0 du chiffre d’affaires ne compte pas, c’est plutôt le projet. »
Il cherche une structure à taille plus humaine, « pour bien connaître les différents pans de l’entreprise ». Par l’intermédiaire de son père et de l’Ardèche, il rencontre Marc de la Charrière, riche entrepreneur, qui possède une participation dans les éditions Masson. « C’était exactement la taille d’entreprise dans laquelle je voulais entrer, avec un peu d’international et une matière très intéressante ». Le secteur est en pleine transformation, lui aussi. L’aventure s’arrête en 1994 lorsque Marc de la Charrière décide de vendre le groupe. Cyrille de Montgolfier poursuit sa carrière au commissariat à l’énergie atomique, à la suite de Jean-Paul Faugère. Il décrit le CEA comme « une maison passionnante, hallucinante d’intelligence ». Il y entre aussi « pour découvrir une entreprise publique, comprendre les différences entre le privé et le public, et parce que l’État m’avait beaucoup aidé. C’était comme un retour d’ascenseur ».

En privé et en voiture

Il y reste trois ans, vante les mérites des deux patrons avec lesquels ils travaillent. Mais il part, en 1997, « parce que j’estimais avoir un avis autorisé sur les méfaits d’un état actionnaire. La relation avec la tutelle était invivable ».
Tout au long de l’entretien, il évoque les grands patrons avec lesquels ils travaillent. « C’est une bonne façon d’apprendre. J’ai eu la chance d’avoir des personnes avec des personnalités riches, variées. Ça a toujours été pour moi quelque chose d’important. Le fait de transmettre est important, surtout maintenant que je suis dans la deuxième partie de ma carrière… »
Son premier contact avec l’assurance, il l’a en 1990, lorsque Denis Kessler, alors président de la FFSA, lui propose de devenir directeur juridique de la fédération. Son arrivée chez Axa, en 1999, se fait à la faveur d’une chasse de tête. « J’ai dit à mon interlocuteur que je n’y connaissais rien et il m’a répondu : c’est peut-être ça qui va les intéresser. Et je n’ai jamais regretté. »
Côté hobbies, si Cyrille de Montgolfier voulait devenir ambulancier, c’était par passion pour les voitures. Il est toujours aussi intéressé mais ne se considère pas comme un collectionneur. « Je n’en ai ni les moyens, ni la place », lance-t-il dans un rire. « J’ai deux voitures. Ma voiture de cœur est la première que j’ai achetée, une Triumph TR3. Et j’ai une Porsche cabriolet aussi. » En couple, Cyrille de Montgolfier participe à des rallies de régularité (course avec respect d’une vitesse moyenne, ndlr) et prend plaisir à rouler. En sport, il pratique le tennis et le ski, « et nous aimons beaucoup marcher avec ma femme ». À la montagne ou en Bretagne
Pour conclure, un week-end idéal, c’est un moment avec sa femme, ses enfants ou des amis, pendant lequel il y a des échanges, du bon temps « et qu’à la fin on se dit : quand est-ce qu’on recommence ? » Le plus tôt possible.