PORTRAIT :
Jean-Philippe DOGNETON,
l'assurance comme une évidence

Jean-Philippe Dogneton, directeur général délégué du groupe Aéma et directeur général de Macif, sera l'invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l'Assurance le 19 mai. Voici son portrait.

PORTRAIT : Jean-Philippe DOGNETON, l'assurance comme une évidence
PORTRAIT : Jean-Philippe DOGNETON, l'assurance comme une évidence

Jean-Philippe Dogneton, directeur général délégué du groupe Aéma et directeur général de Macif, sera l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’Assurance le 19 mai.
Voici son portrait.

Après un report, le rendez-vous avec Jean-Philippe Dogneton se fait à distance, lui à Niort, nous en région parisienne, un vendredi après-midi. Le directeur général semble bien installé dans son bureau niortais, où des affiches de la Macif décorent le bureau. La grande surprise, c’est que Jean-Philippe Dogneton a bien préparé son entretien et fournit un déroulé adapté. « Ce n’est pas un exercice que l’on fait naturellement le retour sur soi ». Portrait au naturel.

Jean-Philippe Dogneton est né le 22 juillet 1965, à Angoulême en Charente (16) mais il se présente comme « originaire de Dordogne, du Périgord vert, c’est-à-dire le Périgord sauvage, le Périgord des cèpes », décrit-il d’emblée. « On aime les cèpes et on sait les chercher. Il faut avoir l’oeil, les coins, beaucoup de constance et l’odorat. Ce sont des choses que l’on garde avec les années. »
Le directeur général de MACIF décrit ses racines en deux mondes qui se côtoient : une partie est issue de la paysannerie, une autre est composée d’entrepreneurs. « C’étaient des autodidactes qui avaient créé des entreprises », confie-t-il. « Je pense que ce côté entrepreneurial, c’était un marqueur fort », résume-t-il, comme pour tisser un lien vers la mutuelle des artisans et commerçants.
Pourtant, son père est… banquier. « Il était en poste à la Banque de France et nous déménagions souvent », à une époque où l’institution financière dispose de nombreuses succursales à travers la France. Après une enfance dans ce fameux Périgord, Jean-Philippe Dogneton, ne cessera de bouger et de parcourir la France.
« Étudiant, j’étais moyen. J’aimais un peu tout mais rien suffisamment. J’aimais l’Histoire mais pas tout, seulement quelques parties, j’aimais les chiffres mais pas les maths, j’aimais l’économie mais certaines dimensions… J’étais un étudiant moyen, capable du meilleur comme du pire. » Il dit « picorer dans les matières », préférant quelques notions, ou suivant la capacité d’un professeur à lui faire découvrir une matière.

Étude à tâtons

Durant le collège, comme au lycée, il ne prépare pas de plan de carrière.
Après un bac B, il entre en droit « pas par passion mais plutôt parce que c’était un atterrissage aléatoire. C’était bien, le droit structure un peu l’esprit », explique Jean-Philippe Dogneton en démontrant, par son ton et sa gestuelle qu’en effet, il n’avait aucune passion ni peut-être aucun plaisir, pendant ces années à la fac. Et pourtant, il rempile ! Après quatre ans de droit, « c’était largement suffisant », dit-il, l’étudiant curieux s’inscrit en… Histoire de l’art ! « J’ai voulu changer totalement. C’est parce que ça n’a rien à voir que je voulais le faire », explique-t-il, mais cette fois avec une vraie passion. « J’ai beaucoup aimé. Autant le droit c’est l’écrit et la structure, autant l’Histoire de l’art, c’est l’exercice de l’oeil, de la géométrie, de l’espace », décrit-il avec un certain enthousiasme. « J’avais une idée de jeunesse, je voulais être commissaire-priseur. Il y avait tout : le côté entrepreneur, mais aussi l’art, le droit », justifie-t-il.
Jean-Philippe Dogneton se définit comme touche à tout, mais l’art le passionne. « Je m’autorisais à manquer les cours le mercredi pour aller à la salle des ventes, je regardais les objets, le mouvement. Il y avait un esprit, c’est extrêmement vivant. J’avais cette passion des antiquités liées à l’histoire et il y avait un ‘combinatoire’ qui me plaisait ». Il cite aussi la relation client, régulièrement. Et se lance donc dans ces études d’histoire de l’art. « Avec le recul, je m’aperçois que je tâtonnais ».
Touche à tout et globe-trotter, l’actuel directeur général de Macif parcours une partie de la France au gré des études. Bordeaux, Poitiers, La Rochelle, Pau… une année ici et une autre là-bas, il semble suivre un chemin de liberté. « J’avais la bougeotte », résume-t-il en souriant, « toujours à la recherche de la bonne combinaison. J’étais dans une phase de découverte ».

Engouement Macif

Finalement, les choses ne se passent pas comme prévu. « Un jour, il faut être sérieux et trouver un boulot. Le hasard veut que j’assiste à une conférence de la Macif, qui était ouverte à tout le monde. L’exposé était clair, l’entreprise très bien présentée, je suis allé le voir à la fin en lui demandant s’il n’avait pas un poste ». Sans y croire. Et pourtant, deux jours après, le jeune diplômé est rappelé. On lui propose une nouvelle ville à visiter : Niort. Il ne connaît pas et ne sait pas encore que les deux mois initiaux se transformeront en 30 ans…
« Les choses me sont apparues comme une évidence. Tout ce que je cherchais pendant mon parcours prenaient forme. J’ai très vite aimé la matière, très vite aimé le sujet et la technique. L’ambiance sur les plateaux me plaisait ». Simple rédacteur, il trouve à la Macif quelques un environnement dans lequel s’épanouir. « Un recrutement s’est ouvert, on m’a dit de postuler et j’ai été pris », se souvient-il, comme il se remémore les « rédacteurs à l’ancienne qui vous apprenne la technique », « les gens remarquables, sur la plateaux et ailleurs, l’accompagnement ».
Ces rencontres vont beaucoup compter pour Jean-Philippe Dogneton qui profite de la promotion interne pour gravir les échelons. « Au moment de devenir chef de service, je me suis rendu compte que j’aimais organisé, depuis tout petit. En classe déjà, j’aimais le faire. »
Parmi les grandes rencontres à la Macif, il cite Jean-Michel Monnereau. directeur général adjoint, il pousse Jean-Philippe Dogneton vers la réassurance. C’est une nouvelle révélation. « Là, je m’éclate. C’est un petit monde, il faut négocier, il faut être ingénieux dans les montages et les structures. La réassurance est importante pour la Macif qui n’a pas beaucoup de fonds propres à l’époque. »
Il créé la réassurance du groupe Macif, de la Sgam Sferen, et le groupe de réassurance du Gema qu’il préside encore, au sein de l’AAM désormais.
Même lorsqu’il passe, en 2007, à la tête de la gestion des risques, il garde la réassurance dans ses responsabilités.
En 2011, il vit une des pires périodes de sa carrière. « On m’a dit de redresser Macifilia », dit-il en prenant le temps, d’un ton grave. « C’était une vraie crise de modèle, profonde, il fallait y aller ‘opérationnellement’ et techniquement », ajoute-t-il. « C’est quand même riche d’enseignements mais aussi douloureux, car la situation aurait pu être très grave ». Grave pour lui ? Non, mais pour la Macif. Car de façon naturelle et presque imperceptible, Jean-Philippe Dogneton parle de la Macif plus que de lui. Il finira par admettre en fin d’entretien : « je vis Macif, je respire Macif, c’est une passion de tous les jours… C’est incroyable quand même ».

Passé, avenir et grande famille

« Je suis la passerelle entre le passé et le présent. Je me dois de citer Jean Simmonet et Jacques Vandier », grandes figures de la mutuelle d’assurances. Il poursuit : « J’ai eu la chance de côtoyer et croiser Jacques Vandier, présent à tous les conseils d’administration. Il vous bombardait de questions techniques, s’intéressait aux tarifs et à la technique comme il l’avait toujours fait. Il y avait une sympathie entre nous, on venait du dommage, on aimait l’assurance… Il m’a donné des clefs de lecture de ce qu’était la Macif et de ce qu’elle devait être », confie-t-il.
Il se dit chanceux de vivre la transformation de la Macif, dans un grand groupe, fervent défenseur de la promotion interne.
« Je ne le savais pas à l’époque mais j’étais porté plus jeune par l’envie de découvrir un peu tout. Et en réalité, ça peut nourrir des regrets… À vouloir tout découvrir à la fois, je ne suis pas sûr que ce s oit l’idéal. On voit de tout mais jamais en profondeur. »

Côté sport, le jeune Jean-Philippe Dogneton pratiquait le tennis de table, sport qu’il adore toujours et qu’il hésite à reprendre ! « Je suivais Jacques Secrétin, champion de France et champion d’Europe », avoue-t-il dans un rire. « C’est très technique, très intense et collectif dans les compétitions. J’avais une passion, c’était une folie. » Il joue avec l’équipe de la Macif, mais il lui manque du temps et « la condition physique ».
Habitant à Niort, où il vit depuis plus de trente ans, Jean-Philippe Dogneton se dit très attaché au siège historique de la Macif mais apprécie aussi le siège parisien.

Le week-end, il prend un peu de recul avec l’assurance. Il commence toujours par une réunion, le samedi matin, avec un groupe d’amis dans la brocante d’un d’entre eux. « C’est un moment sacré pour moi, on se réunit, on partage nos trouvailles », décrit-il. Quand il veut s’échapper, il part sur l’Île d’Oléron où il possède une maison, dans un petit village « perdu dans le nord de l’île ». « Je brasse des pierres, je jardine. Je crois que je n’aurais jamais fini de brasser des pierres », s’amuse-t-il. Alors qu’il semblait insatiable de découvertes, Jean-Philippe Dogneton ne se lasse pas de la Macif, qu’il considère comme une grande famille. Il cite cette anecdote, en tout début d’entretien : « J’ai perdu de vue mon meilleur camarade de primaire il y a 47 ans. Et il y a quelques semaines, à la cantine de la Macif, il est venu me voir ! Il travaille ici depuis 20 ans ! »
Une preuve de plus que pour le directeur général, la Macif, plus qu’une grande famille, c’est devenu SA famille.

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