PORTRAIT :
Patrick Dixneuf,
l'impulsion rieuse

Patrick Dixneuf, directeur général d’Aviva France est l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’Assurance, le 20 avril prochain. Voici son portrait.

Patrick Dixneuf nous accueille dans une salle de réunion située non loin de son bureau, au siège d’Aviva France à Bois-Colombes (92). Nous sommes vendredi et il revient d’un rendez-vous à l’Afer. Sans cravate, il parle vite, ponctue ses phrases d’éclats de voix, parfois de grands rires sonores. Sans hésitation, il se livre et s’amuse de l’exercice, saisissant l’opportunité, évidemment, dans dire un peu plus sur l’homme.

Patrick Dixneuf est né le 16 octobre 1964 à « Nancy, Meurthe-et-Moselle, maternité Alphonse Pinard » déclame-t-il (déjà) amusé par les questions. Et nous avons droit au premier grand éclat de rire du directeur général d’Aviva France.
« Mon père était prof à la fac de pharma’ de Nancy, ma mère tenait une pharmacie de campagne à une trentaine de kilomètres de là », dans le village où habite la famille.
Patrick Dixneuf est de Nancy, comme ses parents et grands parents avant lui. Logiquement, « la Lorraine est ma région de cœur », affirme-t-il, mais reconnait que « ce n’est pas une région dans laquelle on va naturellement, nécessairement. Ce n’est pas une région de ski, ou de mer, mais je n’ai pas honte de dire que je suis Lorrain ».
Euphémisme. « J’ai même expliqué un jour à des Corses que j’avais été Français moins longtemps qu’eux ! »

Dynamisme turbulent

à propos de son enfance, Patrick Dixneuf reconnaît être à la fois – il le dit au présent – « un bon élève avec le dynamisme d’un élève turbulent ». « Pas la peine de retourner dans la petite enfance, je n’ai pas beaucoup changé. Vous pouvez demander à Thibault ! (Il se tourne vers Thibault de Saint-Simon, directeur de la communication, présent lors de l’entretien) Thibault, tu peux parler librement ! ». Nouvel éclat de rire puis enchaîne. « Si je ne dépense pas mon énergie, je deviens infernal ».
Avec une telle personnalité, son choix de la prépa, plus cadrée et plus dure que d’autres études, surprend un peu. A-t-il été poussé par ses parents ?
« Je suis d’un milieu dans lequel mes parents ont fait des études supérieures. Ils ne m’ont pas mis la pression, mais à la sortie du bac, mon père m’a poussé à aller en prépa. Et les maths, parce que j’aime bien… Mais il est important de préciser – parce qu’on est dans l’assurance – que je ne suis pas actuaire ! ».
Il parle de ses années prépa avec une certaine nostalgie. « Il n’y avait pas de sentiment de compétition, c’était assez sympa entre nous. J’ai pris ces deux années comme un investissement à faire, sans imaginer d’école. Une fois les concours passés, j’ai pris la meilleure », explique-t-il. Ce sera Polytechnique, comme d’autres dirigeants de l’assurance.
Quant au « dynamisme d’élève turbulent », il s’en accommode. « C’est lui qui vous donne l’énergie pour y arriver ».

Gardien puis arbitre

Pour dépenser son énergie, Patrick Dixneuf a une passion qui deviendra presque un sacerdoce : le football. « J’ai suivi l’AS Nancy-Loraine au temps où les spectateurs étaient debout. Je suis un fan du vrai Platini, celui qui jouait à Nancy », lâche-t-il dans un éclat de rire.
Plus que spectateur, Patrick Dixneuf pratique le foot au poste de gardien de but. Au début parce que dans le village qu’il habite, « c’était judo, ping-pong ou foot, mais les copains, c’était l’équipe de foot », se souvient-il. Comme il ne s’investit pas à moitié, il accepte d’être gardien, « parce que quand on est pas très bon, les copains vous mettent dans le but », et continue à jouer pendant de longues années. « Le foot était mon sport à Polytechnique et j’ai joué ensuite en région parisienne ». Une blessure récurrente à l’épaule aura raison de sa motivation pour enfiler les gants… mais pas le short !
Patrick Dixneuf devient alors arbitre, charge parfois ingrate mais qui le passionne et dont il dit avoir tiré de nombreux enseignements. À commencer peut-être par savoir dire stop ? « En 1997, j’étais en Nationale (équivalent 3e division) et chez BNP Paribas. Je travaillais entre Paris et Londres et quand, le week-end, je rentrais pour repartir à 600 km pour arbitrer un match, je prenais des risques. Soit en rentrant après le match en étant trop fatigué, soit en restant à l’hôtel et là c’est votre vie de famille que vous menacez », détaille-t-il. Il arrête donc à regret de parcourir la France, ses cartons jaune et rouge en poche. « J’aurais pu changer de catégorie pour limiter les déplacements, mais ça ne me disait rien. Je fais les choses à fond, je ne suis pas très eau tiède », reconnait-il.

La petite musique de l’expatriation

Patrick Dixneuf se dit être un bon marcheur. « Quand vous êtes expatrié, le logement qu’on met à votre disposition se tient souvent à distance de marche du bureau. Maintenant, c’est plus compliqué », glisse-t-il. Après le foot, ce sera le golf, et puis une vieille bâtisse classée monuments historiques qu’il décide de retaper dans le Loir-et-Cher. « J’avais à la fois une carrière de dirigeant, et des occupations le week-end qui étaient un peu lourdes. Quelque soit le dynamisme, il y a des choix à faire », lance-t-il dans un éclat de rire. « Il a fallu choisir, il a fallu devenir adulte ».
Au fil de l’entretien, nous sentons un appétit pour l’Histoire, les découvertes et les vieilles pierres, mais il s’interdit de le faire. « Aujourd’hui, j’ai une vie très bien remplie. La question de savoir de ce que je ferais si je quittais Aviva, pourrait se poser. (Il baisse la voix) Je pense que je ferais plutôt dans l’édition musicale… » Une autre passion pour une vie très remplie.
« Vous avez l’Histoire et les vieilles pierres, le golf à la place du foot, ajoutez à cela la musique classique et l’opéra et vous avez un beau panorama ! », résume-t-il.
« Je suis un très mauvais pianiste, mais gros consommateur de spectacles divers et variés : j’étais expatrié à Munich, Milan, Londres, ce ne sont pas des déserts musicaux. »

Expatrié à de nombreuses reprises, Patrick Dixneuf se considère toutefois comme « chauvin ». « Rien ne me destinait à être expatrié, je suis très très heureux de la culture et de la façon de vivre françaises. Je l’apprécie d’autant mieux en ayant vu d’autres cultures dans lesquelles je me suis très bien senti », tente-t-il d’expliquer. Le directeur général passé par BNP Paribas et Allianz sait tirer du positif de chaque situation et comprend alors que la culture d’une entreprise est aussi une culture locale. « Si un groupe international essaie d’imposer sa culture locale, c’est compliqué. S’il accepte sa spécificité locale, ce sera plus simple. Il n’y a pas d’opposition nécessaire. Depuis 1999, je travaille dans des groupes qui ne sont pas Français, et ça m’amuse. » Il détaille alors comment rassembler et développer des relations d’équipes en France « au restaurant », à Londres « au pub », ou en Italie « pour des aperitivi ».

Le Dg, qui dit « ne pas aimer trop planifier » estime avoir saisi les opportunités. Pour mieux imager son tempérament, il explique acheter « un appartement en une journée. L’appartement dans lequel je vis à Paris, nous l’avons choisi parce que le précédent était trop grand pour nous et que l’immeuble était un peu ancien, donc moins fonctionnel. Nous avons visité quelques biens et le soir même, nous signions une promesse de vente pour un appartement plus grand dans un immeuble plus ancien ». Cette impulsion, selon lui, vient du fait qu’il « reste très gamin », vivant en fonction de coups de cœur. Patrick Dixneuf estime qu’un bon week-end « est une peu allongé, d’au moins une demi-journée, et ne commence que lorsque tout est terminé ». Le repos se compose de golf, d’un concert et d’un restaurant. Ce serait presque trop calme.

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