PORTRAIT :
Renaud Dumora,
programme d'application

Renaud Dumora, DG de BNP PARIBAS CARDIF, est l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’Assurance, le 12 octobre prochain. Voici son portrait.

Si BNP PARIBAS a pignon sur rue à Paris, sa filiale assurance, BNP PARIBAS CARDIF est plus discrète dans la capitale. Il faut franchir le périphérique et s’aventurer le long de la Seine à Nanterre pour rencontrer son directeur général, Renaud Dumora. Il nous reçoit en costume gris et yeux clairs, dans un bureau d’angle qui donne sur une entreprise de recyclage de métaux et une darse à péniche. C’est original, la vue tranche avec les bureaux parisiens ou de la Défense que l’on devine au loin, mais l’aventure en valait la peine.

Renaud Dumora est né un 4 juillet. C’était en 1965, à Bordeaux. Il est en réalité Arcachonnais et avoue y retourner « régulièrement ». Avec des parents enseignants universitaires – une mère en psycho et un père en physique – le jeune Renaud aurait pu tracer une carrière de chercheur, mais ce n’était « pas [son] truc ».

Enfant, il veut être ingénieur et s’estime plutôt bon élève, conscient de sa chance. « C’est sûr que l’environnement enseignant facilite cette envie d’école, mais j’avais très peu de pression ».

Adolescent, Renaud Dumora est alors… un geek. « J’ai grandi avec les premières générations d’ordinateurs, qui sont arrivés pendant mes années de collège. Je me souviens très bien, j’étais en 4e », explique-t-il simplement. « C’était le début de l’informatique personnelle, c’est ça qui m’intéressait à l’époque ».

Le sujet est lancé et le directeur général semble retrouver la passion de ces années 80 et ne finit plus ses phrases. « C’était une révolution… Franchement, on ne mesurait absolument pas à l’époque que la révolution serait numérique. C’était une programmation assez ‘hard’, il n’y avait pas les environnements de programmation que l’on retrouve aujourd’hui. Ça créait des possibilités incroyables ! »

TRS 80 pour les intimes

Il expérimente rapidement par lui-même ce nouvel univers, et en garde des souvenirs émerveillés. « Quand on arrivait à programmer sur des machines à calculer ou sur TRS 80 qui n’avait aucune mémoire, c’était un nouveau monde qui s’ouvrait à l’automatisation, à la simulation et même au jeu ! Il y avait déjà des jeux. J’étais très motivé : j’étais un geek avant l’heure… ».

Tout de même pas au point d’y passer tout son temps libre et de s’isoler. La faute à un environnement qui reste encore limité. « Je vais le dire de façon mathématique, mais la combinatoire de ce qu’on pouvait faire était très réduite. Ça ne prenait pas beaucoup de temps… C’était quasiment plus de l’électronique que de l’informatique. »

Logiquement, son avenir en tant qu’ingénieur se précise alors et particulièrement au lycée où il faut encore décider de sa filière dès son entrée en seconde. « J’adorais le Français mais j’étais plus intéressé par les mathématiques et la physique. J’avais une sœur tournée vers les lettres, donc l’équilibre familial était respecté », révèle-t-il en riant.

Comme souvent pour les bons élèves, les vraies sessions de travail commencent avec les classes prépas. Pour Renaud Dumora, l’objectif est d’entrer à Polytechnique… « J’avais envie de faire l’X et j’ai travaillé pour ça. Je garde de très bons souvenirs de la prépa, parce que les matières et l’enseignement me plaisaient et aussi parce que je découvrais la vie étudiante à Bordeaux, que la ville s’y prêtait bien… »

Bordeaux, première étape avant Paris. « J’ai commencé par un service militaire en Allemagne, année de décompression, découverte d’un autre monde, une période assez sympathique ». Pudique, Renaud Dumora ne détaille pas tout ce qui a rendu ses premières années d’indépendance sympathiques, à Bordeaux, en Allemagne ou à l’X, et il enchaîne rapidement sur la « très très grande qualité des enseignements ».

« Et c’est là, lors d’un stage que j’ai découvert les statistiques appliquées à la retraite, sur le passif social. C’était des outils de simulation et c’est là que j’ai rencontré la matière de l’actuariat et que j’ai décidé de m’orienter vers l’ENSAE. »

L’enthousiasme de la pratique

C’est une révélation car la théorie devient pratique, avec des cas tangibles. Comme si, après des années de programmation, il devenait opérationnel à l’exécution et voyait la finalité du programme.

« Je ne suis pas un matheux pur, je ne me destinais pas à être chercheur. Et je découvre lors de ce stage le monde de l’entreprise, que je ne connaissais pas du tout du fait de ma culture familiale ! Cette application immédiate de la matière scientifique sur la carrière des gens, sur leur retraite, sur un champ social, fiscal, sociétal, ça m’a passionné ». L’aspect scientifique prend réalité, et une réalité d’importance, le sujet des retraites est déjà sensible et semble donner un aspect plus important à l’application de « la matière scientifique ».

Si l’application de l’enseignement lui plaît, le sport est moins présent. Renaud Dumora pratique le judo lorsqu’il est jeune, qu’il choisit à l’X. Il fait aussi du tennis, « mais pas très longtemps, je n’étais pas très bon. Et j’ai fait de la voile, bien sûr… enfin je dis bien sûr parce que j’étais à Arcachon », termine-t-il à voix basse. Il n’en fait plus et se contente de sports loisirs qui lui conviennent très bien.

L’entreprise unique

Côté professionnel, Renaud Dumora entre en 1990 à la Compagnie Bancaire, chez Paribas, et y fait toute sa carrière. « C’est encore possible aujourd’hui, dans des groupes assez larges comme le notre, avec des cultures assez forte. Si le style de management et de gestion vous conviennent, c’est possible. Mais ça tend à se raréfier. Un groupe comme le notre permet de faire beaucoup de métiers », explique-t-il, avant de révéler que « ce qui a été fondateur dans mes choix de carrière c’est la Compagnie Bancaire. L’esprit d’entrepreneur, la confiance, l’organigramme plat m’ont beaucoup marqué, et ce sont des valeurs qui reviennent à la mode et sont très adaptées au monde d’aujourd’hui ».

Renaud Dumora parle de la Compagnie Bancaire avec le même enthousiasme que pour les débuts de l’informatique. Et il poursuit dans la même veine sur le secteur de l’assurance, dans lequel il croit énormément. « Je recommande à tous les jeunes d’entrer dans cette industrie ».

Pour conclure, le week-end idéal de Renaud Dumora semble plutôt sédentaire. La faute à une vie professionnelle qui l’emmène souvent à l’étranger. Il apprécie d’être avec ses proches, d’avoir le temps de lire, d’aller au théâtre – même s’il préfère se rendre au festival d’Avignon qu’il adore. Sans doute un nouveau champ d’exploration dans les émotions… avant une application sur les planches ?

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