PORTRAIT :
Philippe Guyonnet-Dupérat,
pour le progrès public
PUBLIÉ LE 22 Décembre 2025
Phillipe Guyonnet-Dupérat, sous-directeur des assurances et de l'ESS à la direction générale du Trésor, est l'invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l'Assurance le 14 janvier 2026.
Phillipe Guyonnet-Dupérat, sous-directeur des assurances et de l’ESS à la direction générale du Trésor, est l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’Assurance le 14 janvier 2026.
Le rendez-vous se tient dans le bureau de Philippe Guyonnet-Dupérat, où les écrans d’ordinateur trônent sur des piles de livres, sur un bureau surélevé. Le sous-directeur des assurances et de l’ESS à la direction générale du Trésor est grand, la voix grave et souriant. Pour cet exercice particulier du portrait, il se livre, mais en restant dans la voie qu’il s’était fixé, laisse quelques phrases en suspend quand la question est plus personnelle, et interroge parfois les questions comme son interlocuteur.
Philippe Guyonnet-Dupérat est né le 19 octobre 1985 à Toulon, dans le Var (83) « pas très loin de la mer… J’ai grandi au soleil », précise-t-il. Son père est médecin, sa mère travaille lui. « Il travaillait énormément, disponible tout le temps. Consultations en journée, visites le soir, gardes et astreintes le week-end… J’ai le souvenir que le travail est quelque chose de très important », raconte-t-il d’emblée.
Petit dernier de la famille, avec quatre sœurs avant lui, Philippe Guyonnet-Dupérat se dit « bon élève jusqu’en CM1, et ça s’est arrêté là ». Nous lui faisons remarquer notre surprise, pour un étudiant passé par Normale Sup’, Sciences Po Paris et l’ENA, ce qui le fait rire. « J’ai eu la chance de tomber sur un directeur au lycée vraiment bien, qui m’a aidé à mûrir mon projet… professionnel, on va dire ça », plaisante-t-il. Le projet semble en effet déjà précis quand il dit qu’il voulait « faire de l’économie et des relations internationales. Comme cette matière me semblait plus souple, j’ai commencé par la plus dure, l’économie. C’est pour ça que je suis entré à Cachan en 2005 », ajoute-t-il tout naturellement en parlant de l’ENS.
Bien avant cette entrée, Philippe Guyonnet-Dupérat s’est interrogé sur son avenir. Adolescent, il se voit peut-être marin, et pense au Commissariat (les services administratifs de la marine et marine marchande, ndlr). « À Toulon, les perspectives ne sont pas hyper larges. Il y a l’armée, mais pas grand-chose d’autres. Je n’avais pas trop d’idées. C’est une ville avec énormément de possibilités d’activités, donc vous faites beaucoup de choses en dehors du travail, liées à la mer, à la marche, au vélo… Je savais que je n’étais pas scientifique, donc que je ne serais pas marin ». Une façon aussi de balayer l’idée de poursuivre la médecine comme son père, bien qu’il ait hérité d’un goût… pour le travail. « Une de mes sœurs fait et vend du savon. À 11-12 ans, j’étais sur les marchés avec elle et mon beau-frère. Vendre des savons, je n’étais pas le meilleur, mais je l’aidais à faire les étalages, charger et décharger le camion, défaire les stands. A posteriori, je me dis que c’était formateur ». Il en garde des souvenirs de Coupe du Monde 1998 à la radio et de satisfaction du travail accompli. D’avoir été utile peut-être, mais il ne le dit pas en ces termes.
Choix public pour apprendre encore
À l’ENS, il se spécialise en économie. « Je me rends alors compte qu’en éco, il y a des littéraires ratés et des matheux ratés. Je sais que je ne serai jamais bon en mathématiques. Il fallait donc que je prenne une formule plus littéraire », explique Philippe Guyonnet-Dupérat qui précise qu’il « entre à Sciences Po et je fais un an de césure public-privé pour choisir la suite. » Après avoir suivi une filière économie et finance, il rejoint pour six mois le Quai d’Orsay. « J’ai adoré, plutôt sur les affaires économiques internationales, et je fais six mois chez BNP Paribas, où j’arrive en septembre 2008… » Recruté au sein du service du risque opérationnel, le timing est parfait pour apprécier de très près la crise financière… Sorti de cette césure, Philippe Guyonnet-Dupérat a fait son choix et ce sera… le public. « Dans le public, on fait des sujets que l’on ne fait nulle part ailleurs », commente-t-il, « et le fait de servir, ça me plaisait bien ». Il ajoute un autre point important pour lui : « on vous donne des responsabilités, on vous fait confiance très jeune ».
Après l’ENA, il demande le Trésor. « Je voulais une école après l’école », résume-t-il. Pour le jeune élève, l’important reste de découvrir, de se confronter et d’apprendre. « Vous avez des sujets qui vous invitent à monter en compétence », dit-il, avant de faire référence à son apprentissage des sujets assurance qu’il poursuit depuis six mois (il a été nommé en mai 2025, ndlr) et de rendre hommage à l’équipe du Trésor, en vantant « une capacité d’entraînement collectif super intéressante ».
À Bercy, il trouve son bonheur plutôt que de diriger une équipe dans une sous-préfecture. « Il y a des filières dans lesquelles vous savez que vous allez progresser, et des filières dans lesquelles vous savez que vous allez directement être chef. Moi j’estimais que je n’étais pas encore assez mûr et que j’avais encore beaucoup de choses à apprendre », précise-t-il encore, avant de rappeler qu’à l’oral d’entrée à l’ENA, « j’ai dit que ce qui m’intéressait, c’étaient les affaires réglementaires, financières et les affaires internationales. Ça fait quinze ans et j’ai fait exactement ça ».
Crises et chorale
Cette quête du bon apprentissage se retrouve un peu plus tôt encore. En prépa à Paris, Philippe Guyonnet-Dupérat a « beaucoup aimé le fait d’être placé en position de ne pas savoir. Ça déstabilise un peu certains », mais pas lui. Sur cette période dédiée à avoir son concours, « je suis là pour apprendre et pour gagner », lâche-t-il au cours de l’entretien, il conserve le souvenir de débats d’idées riches, « sur des sujets d’économies, des sujets de société, avec un grand respect des idées ». Sa carrière, intégralement menée au Trésor, l’amène sur les sujets des moyens de paiement, à l’ambassade de France à Londres de 2016 (année du vote pour la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE) à 2019, à l’agence France Trésor (pendant la crise sanitaire) puis au Club de Paris, avant de prendre la sous-direction des Assurances et de l’ESS depuis mai 2025. « Quand j’ai choisi le public en 2008, on voyait qu’en cas de crise, l’État était présent. L’État est toujours partie prenante quand il faut régler une situation de crise ».
À côté de cet apprentissage au long cours, Philippe Guyonnet-Dupérat a pratiqué beaucoup de sport étant plus jeune, mais trouve maintenant plus difficilement le temps. « Toulon s’y prête bien. J’ai fait beaucoup de vélo enfant. Jusqu’à l’ENA, enfin, en réalité jusqu’à mon premier enfant, j’ai beaucoup couru », lance-t-il dans un rire. « Maintenant, c’est plutôt ‘no sport’ même si je fais du vélo avec les enfants. En fait, je n’ai plus le temps de faire de sport, et ce n’est pas une bonne chose ». Il vient tout de même au bureau en vélo électrique, depuis la banlieue parisienne, quelques jours par mois mais reconnaît que le sport ne le passionne pas, au grand désespoir de son beau-père qui manifestement aime le foot.
En continuant de le questionner, Philippe Guyonnet-Dupérat avoue avoir longtemps pratiqué le chant choral, qu’il apprécie. À la différence du sport, il a continué, « parce que je trouve ça relaxant » et profite de quelques occasions de chanter avec des amis.
Vient justement la question du week-end idéal qu’il accueille avec un rire. « Je dirais : éloge de la simplicité. Un week-end sans obligation, avec le temps de profiter de ma famille, de faire du vélo en forêt, d’avoir un bon dîner avec les copains, de faire la sieste », lâche-t-il dans un nouveau rire… avant de demander « et pour vous, c’est quoi un week-end idéal ? » Est-ce cette envie d’apprendre et de progresser, encore et toujours ?
