Bonus / Chronique :
Une assurance sur la vie... (2nde partie)

Pour cette reprise, Lucas FORTUIT ponctue son voyage dans l’assurance-vie. La première partie, est ici !

Les incontournables, contrat d’assurance et livret A, tous deux « pour la vie », se livrent depuis une dizaine d’années une lutte existentielle acharnée pour empocher l’euro du citoyen fourmi. Course entre le lièvre imprévisible et la tortue sereine, marquée de va-et-vient communicants, à fréquence mensuelle… Dans ce « struggle for life » ce n’est pas sans raison si le ratio de (dé)collecte nette de l’assurance-vie par rapport à celle de l’emblématique Livret A (284 milliards d’en cours à fin 2018) est devenu la hantise commune des fédérations d’assureurs. Sans doute, l’un des indicateurs mensuels du tableau de bord les plus suivis par leurs présidents après l’évolution du taux d’épargne financière des ménages (14,4% en 2018 selon l’INSEE) et l’indice du coût de la construction…

Positif, le ratio est porté aux nues. La profession, unanime pour une fois, pavoise, paonne et le fait savoir dans les chaumières et les lucarnes.
Mais, en cas de dévissage, même véniel, les lobbies assurantiels hurlent de douleur à l’endroit du gouvernement en place en vue d’impacter les lois de modernisation de l’économie nationale. À ce titre, le seuil de rémunération du Livret A fixé à 0,5% qui s’appliquera dès février 2020 dans le cadre de sa réforme sera, sans doute, le déclencheur qui incitera l’épargnant à transvaser sans scrupules et sans préavis, son pécule d’un support vers l’autre…
Ne serait-il pas pertinent pour la profession de trouver des arguments plus convaincants et roboratifs pour garantir « une finalité citoyenne et responsable à l’assurance-vie » (sic) ?

C’est également dans ce contexte égocentrique que les acteurs de la place se déchirent ou feignent de le faire, sur la liberté de sortie des contrats en rente et/ou en capital…
Une usine à gaz, d’après les ténors du marché, une aubaine pour les autres acteurs et les pure players…
Quelle fortune pour un rentier que de toucher son capital, me direz-vous !
Quant à la question de la portabilité des contrats d’assurance sur la vie, partielle ou totale, une bombe dans le commerce concurrentiel actuel, elle serait aussi l’occasion d’instaurer davantage de chargements de gestion à chaque changement de contrat ou d’assureur du risque, voire à chaque intra-transfert…
Cela dit, le contrat d’assurance sur la vie reste un long fleuve tranquille d’occasions de charger la barque de l’assureur gestionnaire dans un marché boursier chaotique…
Mais, là où le bas (de laine) blesse dans un monde d’immédiateté logistique, une poignée de millisecondes en ce qui concerne la finance internationale, c’est la non-disponibilité à tout moment de l’argent déposé sur un contrat fiscalisé et à long terme et les tracasseries juridiques à accomplir pour le récupérer, de son vivant ou post-mortem, fût-il de poche. Malgré un bénéfice facial faiblard, connu d’avance, défiscalisé et à l’abri des soubresauts boursiers, il ne faut donc pas sous-estimer la facilité incomparable de retrait qu’offre le Livret A.

A comme agile…
Le livret, c’est du cash immédiat…
Rien de plus simple, en effet, que de prélever sur son compte d’épargne l’appoint pour faire son marché ou son shopping quand le retrait partiel sur un contrat d’assurance vie est pour certains citoyens une opération complexe et le virement de fonds dans son escarcelle à date de convenance de l’assureur… après, parfois, plusieurs relances exaspérantes.
J’invite, par ailleurs, les contradicteurs à consulter l’enchevêtrement de textes fiscaux en matière d’imposition des revenus issus des contrats vie : un labyrinthe même pour les fiscalistes et les actuaires avertis, comparativement à la luminosité d’emploi d’un livret !
De plus en matière de feed back informationnel, le relevé de compte d’un livret ne tient qu’en une seule ligne alors que le relevé de situation d’un contrat vie (et ses encarts financiers pour boursicoteurs avertis) relève du parcours du combattant (de la complexité).
Croyez-moi, le livret A, malgré ses maux de taux, présente un intérêt incomparable aux yeux de la majorité nos concitoyens, mathématiquophobes et pressés…
De là, à imaginer qu’on puisse simplifier le retrait partiel sur un contrat d’assurance vie d’un clic à l’instar de celui d’un livret ordinaire, voire si nécessaire d’adosser le premier sur le second !
Why not.

NB. C’est dans le contexte décrit ci-dessus que j’apprends que le gouvernement va taxer lourdement les assureurs-vie qui rechignent à honorer leur contrat, une fois informés du décès de leur client (défunt)… Ah ! Assureur quand tu tiens notre pécule pour la vie…

Lucas FORTUIT

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