Bonus / Chronique :
Je t'enfiche ! (2nde partie)

Pour février, voici la suite de la chronique de Lucas FORTUIT, publiée en janvier ! La directive sur la distribution des produits d’assurance est toujours au centre de cette chronique, mais c’est surtout le consommateur et ses attentes qui doivent être interprétées et suivies…

De quoi pourrait-il s’agir en l’occurrence ?
Du non remboursement d’un portable égaré dans la navette entre Bruxelles et Strasbourg ou de la tablette de leur rejeton chipée par un vilain camarade de classe harceleur, d’une garantie inopérante de leur machine à laver entartrée ou d’un grille-pain matinal paresseux, voire du retard apporté au versement d’un capital « obsèques » promis en grandes pompes par l’assureur qui n’a pas anticipé l’enterrement ou la crémation d’un proche aimé ? Oui, toutes ces petites tracasseries du quotidien des mortels irritent, même si les intérêts financiers en jeu ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan des sinistres déclarés, bon an mal an…
Oui, des broutilles, vous dis-je, mais, qui chatouillent l’échelle de Richter de la frustration de l’intransigeant régulateur !

Vous l’aurez compris. Le roi-consommateur que l’eurocrate veut protéger contre ces dysfonctionnements, c’est d’abord lui ou l’un de ses proches, pardi ! Dans cette ambiance urticante, c’est oublier que l’accessoire prime sur le principal quand le citoyen David, ulcéré, se rebiffe contre les Goliath de la grande distribution nationale et du e-commerce international tout puissant. C’est ignorer que le vendeur-électroménagiste, mis en cause en cas de pépin, va vilipender l’assureur ou l’intermédiaire… Les adversaires de la directive DDA dénonceront une façon malthusienne de réduire l’offre de services et donc, à terme le nombre d’intermédiaires qui la promeuvent, si le conseil ad hoc (voire le substrat) est dans la fiche ; leur seul devoir étant de la remettre au consommateur après une formation ad hoc, s’entend ! Sacrée opportunité de business, me rétorqueront-ils.

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Inutile de vous dire que les organismes de formation, aux anges à cette occasion, ainsi que les cabinets d’avocats (bien)veillants, jubilent d’une telle attention corporatiste… Faudra-t-il se faire accompagner de l’un d’eux lorsqu’on franchira le seuil d’une foire-expo pour acquérir un fer à repasser ou une brosse électrique à reluire en promotion, quand on n’est ni ingénieur en mécanique ni juriste ?
Voilà, sans doute, une idée à glisser dans l’oreille d’une start-up en mal de fonds et de pérennité pour proposer une appli « FinTech », à défaut de multiplier les « corners-assurance à intermédiaire humain » dans les centres commerciaux.

Les lobbyistes, n’ayant pas réussi à faire abroger la directive DDA, mais, seulement à la reporter, en vue de justifier leur peine et leurs émoluments, ont occulté le fait que leurs interlocuteurs européens, âpres défenseurs de la veuve et de l’orphelin, n’en sont pas moins des utilisateurs avertis d’IT et de produits bruns, à ménager avec modération.
Attaquer la problématique distributive de produits d’assurance par le petit bout de la lorgnette, sans remettre en cause ouvertement la colonne vertébrale de l’édifice !
Tout un art intrusif dans lequel les experts de la Commission européenne excellent depuis plus de 40 ans.
Dans ce contexte abusivement prudentiel, par certains côtés, le prélevé automatiquement, piégé ou peu conseillé, voire pas du tout, en cheminant entre la caisse enregistreuse et le comptoir d’enlèvement de la marchandise, sera-t-il pour autant mieux protégé directivement avec une fiche déposée dans son panier ou dans son cabas électronique ?
C’est ce que croit maintenant le régulateur !
À voir…
À moins que le consommateur ne s’en contrefiche assurantiellement !

Lucas Fortuit

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