PORTRAIT :
Jérémy Sebag,
hyper et actif

PORTRAIT : Jérémy Sebag, hyper et actif
PORTRAIT : Jérémy Sebag, hyper et actif

Jérémy Sebag, président et co-fondateur du courtier grossiste SPVIE, sera l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’Assurance le mardi 19 octobre (cet événement est décalé).

Jérémy Sebag est un quadragénaire actif . Très actif. Le rendez-vous, dans les locaux de SPVIE, est efficace parce que son patron est « direct » et qu’il a des obligations qui se sont ajoutées à son agenda.
Ça tombe bien, Jérémy Sebag parle vite, très vite, avec beaucoup de marques, de prénoms et d’acronymes. Accrochez-vous, voici son portrait.
Jérémy Sebag est né le 19 novembre 1981 à Paris, dans le 17e arrondissement, « clinique Saint Thérèse, chez les bonnes sœurs », ajoute-t-il.
Il grandit à quelques kilomètres de là, à Suresnes, où la famille est installée. Son père est assureur, ou plus précisément « agent général AGF à Suresnes », confie-t-il, conservant l’ancienne marque maintenant fusionnée avec Allianz.
Le co-fondateur de SPVie est lancé, il sera compliqué de l’arrêter.
« Mon grand-père était agent général Phénix, à Tunis, mon père est agent à Suresnes et mon oncle était agent à Epinay, Allianz, enfin AGF historiquement. ».
Une vraie famille d’assureurs et une vraie fibre pour la distribution, dont il prend conscience un peu plus tard pourtant.
De son enfance, Jérémy Sebag parle avec mesure. « J’ai grandi à Suresnes, pendant 23 ans et j’ai eu une enfance très heureuse ! Je suis l’aîné d’une famille de trois… », confie-t-il, avant d’ajouter : « on a grandi avec les moyens du bord… Agent général, dans les années 80 et 90, les affaires tournent bien, mais c’est un portefeuille en constitution, on n’a jamais eu la grande vie ».

Apprentissage de l’assurance… par amour

Se voyait-il travailler dans l’assurance ? La question ne se pose pas vraiment en ces termes pour lui, homme pragmatique et intenable. « À 15-16 ans, est-ce qu’on sait ce qu’on a envie de faire ? Je n’ai pas fait d’études brillantes, je n’ai pas été très bon à l’école car je n’avais pas une intelligence scolaire. Déjà, je manquais de concentration. En France, le système éducatif fait que quand tu ne rentres pas dans les cases, il n’y a pas de ruissellement », lâche-t-il.
Ce que l’on comprend vite, c’est qu’il faut un moteur pour canaliser Jérémy Sebag. À 19 ans, il tombe amoureux d’une fille qui habite loin de chez lui. « Je voulais gagner ma vie pour payer l’essence et aller la voir. J’ai donc choisi l’apprentissage ». Et l’assurance, qui lui tendait les bras.
« L’assurance, c’était logique, j’avais déjà entendu beaucoup de choses dessus, c’était en moi mais je ne le savais pas. J’étais sûr d’une chose : je ne voulais pas travailler avec mon père. Jeune, j’étais assez critique de ce qu’avait fait mon père, je pensais qu’il aurait pu faire mieux alors qu’en fait il a réussi sa vie personnelle, ce qui n’est pas le cas d’autres grands capitaines d’industrie ». Lui veut absolument veiller à maintenir cet équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie de famille.
Son apprentissage commence au groupe Molitor, co-fondé par Gilles Zeitoun, son « mentor ». Il se souvient d’expériences marquantes et particulièrement d’une réunion avec son patron. Il raconte ce que lui dit alors le dirigeant : « Voilà comment ça marche dans la vie : tu as un premier cercle, ce sont les universités. Ensuite, les écoles de commerce, puis les grandes écoles de commerce. Et au centre, les grandes écoles d’ingénieurs. Pour grandir dans la société française, faut que tu sois dans l’une de ces cases. Toi, tu es comme moi, ici (il montre un point en dehors des cercles), tu vas devoir faire seul ».
Travailler est comme une révélation : enfin du concret pour Jérémy Sebag.
« J’ai tout fait là-bas ! J’ai été rédacteur dégâts des eaux, commercial santé-prévoyance dans une des filiales qui s’appelait Heurassur… Un jour, Gilles a racheté Ciprès et m’a proposé de m’embaucher comme inspecteur commercial. Je lui ai demandé en quoi ça consistait, il m’a dit : « tu prends ton téléphone, tu appelles des courtiers et tu vends », il explose de rire. « J’étais fan ! J’ai adoré ce job, je me suis éclaté. Je me souviens que je prenais mes CD-Roms – il n’y avait pas de tech à l’époque – et j’allais chez les courtiers. Ce job m’a passionné, j’étais tout le temps sur la route, j’allais voir plein de courtiers. Il n’y avait pas de digital, alors je vérifiais les bannettes le matin pour voir si j’avais reçu des affaires à j+1 ou j+2. J’ai fait ça pendant 3 ans et j’avais une quarantaine de courtiers. J’étais même à l’origine d’une belle boîte qui s’appelait Ciprès Solution », résume-t-il d’un trait.
Parallèlement, il poursuit le cursus de l’ESA. « J’étais en Master 1 et il fallait que je finisse ma deuxième année de stage. J’avais reçu une réponse positive de Gras Savoye. À ce moment là, j’ai peut-être fait la première erreur de ma vie professionnelle. Je voulais rester mais je suis allé voir Laurent Ouazana (dirigeant de Ciprès) et je lui ai dit : ‘je suis fan de la boîte, j’ai beaucoup contribué mais je pense que vous n’êtes pas éternels. Gras Savoye me propose un stage, mais j’aimerais bien rester’. Il m’a répondu : ‘dans la vie c’est mieux de partir, tu vas vivre d’autres expériences et ce sera plus intéressant pour toi’. J’aurais sans doute pas dû lui dire ça ce jour là…  ». Il reprend un peu plus tard au cours de l’entretien : « J’ai toujours été très provocateur, mais je n’avais pas la conscience de la portée de mes propos. Mais je ne regrette pas, je suis passé par Ciprès, Gras Savoye. Il n’y a pas de hasard dans la vie, c’est le fruit des relations et des décisions qu’on prend ».
Bienveillance ou méfiance, la question revient souvent mais, avec le temps, Jérémy Sebag estime que le conseil était plutôt judicieux.
Le voilà parti pour Gras Savoye et un retour « en bas de l’échelle. J’étais dans une filiale où je re-scannais les décomptes sécu… » se souvient-il. Il s’ennuie, sort beaucoup mais saisit une opportunité. Repéré par le patron d’une filiale internationale, il reprend une activité plus commerciale. « Il m’a demandé de prendre des rendez-vous dans des ambassades. J’ai décroché un mandat, deux mandats, trois mandats et il s’est dit que je n’étais pas si mauvais que ça ». Il progresse chez Gras Savoye et rejoint Arthur Say (directeur épargne retraite chez Gras Savoye), en CDD. « J’ai rentré le contrat d’épargne salariale d’IndoSuez, 13 000 salariés et l’article 83 des 800 cadres. Je lui ai fait son année », estime-t-il. Il fait surtout ses preuves et gagne un poste en CDI, au service épargne retraite.

Déclics et amitié naissante

« Je n’ai pas eu des patrons brillants, j’ai eu des patrons qui me laissaient m’exprimer, tout en me brimant par crainte… », analyse-t-il après coup, mais il a su tisser des liens avec les réseaux et, il fait chez Gras Savoye une rencontre fondamentale : « C’est là que j’ai rencontré Cédric Pironneau, qui arrivait à la DPR. »
Il se souvient d’une anecdote. « Un jour, nous partons ensemble en rendez-vous à Sofia-Antipolis. J’avais 27 ans et il fallait que je parle gestion d’actifs avec des patrons qui avaient 250 000 euros de salaires annuels, et je n’y connaissais rien. Cédric m’a un sauvé la vie, parce qu’il avait un peu plus d’épaules que moi – c’est toujours le cas aujourd’hui, mais physiquement, lâche-t-il dans un rire – et on s’est vraiment lié d’amitié professionnelle. »
Alors que Cédric Pironneau se fait recruter par Malakoff Médéric – « il devient assureur » commente Jérémy Sebag, ce dernier s’apprête à quitter Gras Savoye, lassé de son poste. Alors qu’il avait été moins présent dans le portrait, Gilles Zeitoun revient. « Nous avions un dîner avec Jean Cazeneuve et Gilles. Nous croisons Pierre Donnersberg (président et fondateur de Siaci Saint Honoré). Gilles, qui est mon mentor, a dit à Jean Cazeneuve qu’ils ne pouvaient pas me laisser partir chez Pierre. J’ai été promu à la direction commerciale, j’avais 28 ans et j’avais mon bureau en face de celui de Julien Vignoli », raconte-t-il avec fierté. Il peaufine encore son réseau avec les patrons de régions et les personnes qui comptent dans le courtage.
En quelques années, Jérémy Sebag a gravi les échelons. Mais une envie profonde le taraude.
« En 2008 j’ai compris. J’ai vu la chute de Lehmann Brother dans Les Echos, c’était une période un peu compliquée… je venais de me séparer, la crise financière secouait, j’étais entre deux postes… Je peux pas expliquer, mais dans ma tête, j’ai vrillé, positivement. On accumule de l’expérience, on croise plein de gens, on emmagasine de l’expérience et un jour voilà, t’es prêt et tu y vas. J’avais accumulé de l’expérience, j’avais vu plein de choses et j’étais prêt. »

Prêt pour l’aventure

Un projet prend forme, peu à peu. Il force une rencontre avec Patrick Lucas, PDG historique de Gras Savoye, et lui propose la création d’un courtier grossiste au sein du groupe. « Il m’a dit ok, allez-y ! ». L’accueil en conseil d’administration n’est pas terrible et la création d’une filiale est écartée. Il ronge son frein et décide, en 2010-2011, de se lancer. Il rachète un petit portefeuille et repart de zéro en créant SPVie Assurances. Il est seul au début puis avec son ami Cédric quelques mois après.
Il résume sa carrière ainsi : « tout ce qu’on voit aujourd’hui, c’est une succession de petites choses, d’expériences et de gens que j’ai croisés dans ma carrière. Le déclic commercial, je l’ai eu chez Heurassur. Rédacteur sinistre, ça ne m’intéressait pas. Après le BTS, j’ai basculé en licence commerciale. J’ai pris mon téléphone et j’ai vu les résultats. À l’époque j’étais d’une nature assez timide et je me suis énormément provoqué pour forcer ma nature. J’en ai fait une grande force »
Sa nouvelle vie, c’est entrepreneur. « J’ai une passion pour ma boîte, c’est la fille que je n’ai pas encore eue », confie-t-il. Mais avec le temps, Jérémy Sebag a besoin de nouveautés, de faire encore.
« Être entrepreneur, c’est être audacieux, plus téméraire qu’audacieux même. On prend des décisions, on fait des choix, mais il y a une part d’irrationnel ». Et puis, avec le temps, il a les moyens de satisfaire cette soif d’entreprendre. « Petit à petit, on gagne de l’argent et on veut investir dans différentes choses. Les dirigeants ont toujours des danseuses. J’ai un petit frère, de 10 ans de moins que moi, très inspirant pour moi. Il me maintient au niveau, même pour l’expression de nos besoins dans l’entreprise. Lors de nos dernières vacances, on faisait un peu de prospective ensemble et on a convenu de monter un label de musique », explique-t-il. Discussion à l’été, lancement à l’automne, avec son petit frère, et Cédric évidemment. « J’ai grandi en banlieue, j’ai beaucoup écouté de rap… C’est passé avec le temps, mais lors du confinement, c’est revenu avec la série Validé. Le rap est la première musique écoutée au monde, mais je suis très ouvert dans mes goûts musicaux, à part le métal. Le label pourrait produire de tout », détaille-t-il. Il se lève et désigne une petite maison, dans la cour attenante à l’immeuble SPVie. « On a studio là-bas, beaucoup de grands artistes se produisent. »

Générosité bien placée

Cette nouvelle passion est aussi celle de la générosité. « J’aime bien faire plaisir autour de moi, faire des cadeaux. J’en ai fait beaucoup, à mes parents, mes beaux-parents, c’est normal et ça me plaît ».
Pour défouler cette énergie débordante, il a fait du sport, notamment du tennis qu’il adore. « Je devais faire sport-étude tennis mais j’ai dû arrêter pour des raisons physiques. Maintenant je fais de la boxe trois fois par semaine, j’ai jamais arrêté le sport. La boxe, je suis devenu accroc », confie-t-il. Il semble ralentir le rythme effréné de sa vie le week-end. Pour Jérémy Sebag, un week-end idéal c’est « être dans ma maison aux alentours de Deauville, avec les enfants, la famille, faire un barbecue et parler de tout et n’importe quoi. Et toujours avec de la musique ! »
Une pause, un ralentissement, avant de repartir plus vite et plus fort.

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