PORTRAIT :
Laurent OUAZANA,
le plaisir des marches

Laurent Ouazana, président du groupe Ciprés Axelliance, est l’invité du Petit déjeuner Off de La Lettre de l’Assurance le 26 septembre prochain. Voici son portrait.

Laurent Ouazana nous accueille tout sourire, bronzage impeccable, dans son bureau de Levallois, à la toute fin du mois de mai. Pendant quelques semaines encore, Ciprés occupe l’immeuble historique du groupe, avant que le rapprochement avec Axelliance n’envoie tout le monde sur les quais de Seine, à quelques centaines de mètres de là.
En costume sombre, assis dans un fauteuil du coin salon de son bureau, il passe en revue les grandes étapes de sa vie, sans hésiter sur les détails et les anecdotes, en suivant son propre cheminement, de Meaux à Miami… Embarquement immédiat.

Laurent Ouazana est né le 1er janvier 1965, aux Pavillons-sous-Bois, dans « ce qu’on appelle le 9-3, un 9-3 qui était, entre guillemets, assez bourgeois », précise-t-il.
La famille, d’un milieu modeste, habite à Meaux, en Seine-et-Marne, où il grandit avant de partir sur Paris quelques années pour les études.
Jusqu’à 14-15 ans, le jeune Meldois est « dissipé, plutôt en bande, avec les copains ». Mais de son propre aveu, « après il y a eu recadrage et plus de débordements. J’ai été très sérieux ». « Je pense que mon père a eu le bon ton pour la prise de conscience. De temps en temps, un jeune doit être recadré quand il se perd ».
Laurent Ouazana vise « le commerce et des études courtes pour travailler vite ». Un bac D en poche, il trouve un BTS dans Paris qui ne lui convient pas du tout. Il glisse, dans le même établissement, dans un BTS assurance. « J’ai adoré ça. Les cours étaient dispensés par des professionnels qui venaient d’AGF, d’UAP – pardon, j’ai 54 ans quand même – et à la fin, j’ai continué à l’ENASS, où j’ai connu beaucoup de gens. »
Toujours pressé, il s’arrange pour éviter le service militaire et entre à la Bâloise en 1987…
En 1996, peu après le rachat de la Bâloise par Swiss Life, il est chassé et embauché par Norwich Union qu’il quittera quelques années plus tard pour lancer, avec deux autres associés, Ciprés Assurances.

Meaux de coeur

Pendant tout ce temps, Laurent Ouazana reste attaché à Meaux.
« J’ai vécu quelques temps sur Paris mais je suis retourné à Meaux pour me marier et vivre dans les environs… »
Cet éloignement de Paris a un coût : « Les 15 premières années de Ciprés, de 2000 à 2015, je faisais trois heures de voiture par jour. Je partais à 5h30, j’arrivais à 6h10, en même temps que le personnel pour le ménage, et je repartais à 21h. Je faisais ce trajet tous les jours, y compris le samedi mais ça roulait mieux. »
Laurent Ouazana est-il exigeant ? Il s’explique. « Quand vous lancez une entreprise, que vous avez un courtier, puis deux, puis trois… Quand vous créez quelque chose, il faut beaucoup travailler. Je dis à tout le monde, même à mes garçons, que je ne peux pas imaginer un entrepreneur qui part à 17h et qui prend 5 semaines de congés… Ce n’est pas un entrepreneur ! J’ai bossé beaucoup, mais c’est comme ça qu’on monte une boîte. »
A autant tirer sur la corde, elle finit par céder…
« Fin 2014, je me suis endormi au volant… La voiture a touché la glissière de sécurité. J’ai eu très très peur. J’ai dit à mon épouse ‘on arrête, je veux habiter à moins d’un kilomètre du bureau’. Evidemment, quitter la grande maison dans le pays de Meaux pour un appartement, ça n’a pas été facile, mais je revis ! »
Il habite maintenant à Levallois, « à 800m du bureau » et prend moins de risques. « Ce n’est plus la même vie, c’est un vrai luxe. Nous avons beaucoup de collaborateurs qui viennent en train ou RER, je sais à quel point c’est difficile… »

Manifestement travailleur, Laurent Ouazana ne s’est pas contenté de vivre à Meaux, il s’y est investi. « Vous ne le savez sans doute pas, mais j’ai été Maire adjoint ! » En 95, il est embrigadé par un ami d’enfance, un certain Jean-François Coppé. « C’est un ami d’enfance, un ami personnel en dehors de toute politique », confie-t-il.
Laurent Ouazana est un enthousiaste et ce passage est manifestement un très bon souvenir. Il est élu à 30 ans seulement, « ce qui est un bon âge. Il faut avoir payé des impôts, savoir ce qu’est une vie de citoyen et avoir le temps de s’impliquer. »
« C’était fantastique, j’ai pris beaucoup de plaisir. J’ai fait un seul mandat, parce qu’après, il y avait Ciprés. Au début, j’étais assureur, j’avais du temps », lâche-t-il dans un rire. Beaucoup plus sérieusement, il détaille les missions, les nombreuses manifestations, les quartiers à développer et les rapports des milieux politiques et économiques.
« C’est un vrai boulot, vous vous occupez de tout. Vous gérez les emmerdements des gens et vous arrivez à les régler ! Pas qu’avec le carnet de chèques, avec beaucoup de bon sens aussi. Et ça, c’est fantastique. Vous touchez du doigt les bonheurs et les malheurs des gens, des situations d’urgence extrême… C’était du 7 jours sur 7, 365 jours par an ! C’est extraordinaire, mais c’est très prenant. »
Laurent Ouazana voit tous les aspects du rôle et constate qu’il « est impossible de bien faire ce job avec un emploi à côté. Il y a une vraie problématique en France de ne pas salarier ces élus. C’est un vrai travail à plein temps, sinon on le fait mal. Quand vous sacrifiez votre travail à côté pour faire ça, être élu devient un métier… » En un mandat, le président de Ciprés a aussi vu « quelqu’un perdre pied à cause du pouvoir. Une personne que j’ai vu basculer en temps réel »…
L’expérience est positive. « J’ai énormément appris. Se retrouver devant 800 personnes lors d’une réunion publique m’a donné le goût d’embarquer les gens dans un projet. Ça ne m’a pas desservi d’un point de vue professionnel »… Au point d’y revenir ? « Avoir des responsabilités locales, pourquoi pas. Mais il y a une période de la vie pendant laquelle c’est compliqué… Ce n’est pas du lundi 8h au vendredi 17h ! Vous êtes pris tout le temps… Il faut donner sa vie et le faire par passion ».

Des marches

Pour le sport, Laurent Ouazana a longtemps pratiqué le football, un peu le tennis et s’est mis à la marche nordique sous l’impulsion de sa femme, championne d’athlétisme. « Maintenant, je marche tous les dimanches, en marche rapide. Le principe est de faire 10km, à une moyenne de 7 à 8 km/h », confie-t-il. Pour le basket, c’est une passion, partagée avec son voisin à Miami. Celui-ci, un certain Solly Azar, lui a présenté l’équipe de basket et le club de Levallois, dans lequel il s’est impliqué personnellement.
L’autre passion de Laurent Ouazana, c’est l’Amérique. Lors d’un voyage avec celle qui sera son épouse, à la fin des années 90, ils découvrent Miami. La ville et la Floride leur plaisent beaucoup. « Je rêvais d’une maison au bord de l’eau avant mes 50 ans, je l’ai finalement achetée le 29 décembre 2014 ! », révèle-t-il. « Depuis une dizaine d’années, nous y allions régulièrement. J’avais besoin d’être en rupture totale avec Paris… C’est apaisé. », confie-t-il. Il s’y réfugie quelques jours tous les deux ou trois mois, c’est « une respiration ».
Si ça n’avait pas été la Floride, il se serait bien vu autour du bassin d’Arcachon, où il passe également quelques week-ends avec des amis.
Malgré toute la richesse et la longueur de l’entretien, Laurent Ouazana admet « être un impatient ». « Je me suis calmé. Il faut avoir de la patience et prendre le temps d’écouter les autres. Je considère que certaines personnes ont des choses extraordinaires à dire, mais qui s’expriment plus lentement et il faut leur laisser le temps de finir. J’ai un verbe rapide, quelques fois trop rapide. J’ai maintenant la patience d’attendre. Mais je reste passionné par la rencontre avec mes partenaires courtiers, avec les inspecteurs, et j’essaie de garder le contact avec les assureurs, les patrons comme les commerciaux. »
Autant Laurent Ouazana peut contrôler son impatience, autant il a besoin de contact et de conversations.
Pour vous emporter dans ses passions, professionnelles comme personnelles.

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