Bonus / Chronique :
Dénoncer la mal-assurance !
PUBLIÉ LE 17 Décembre 2018
Pour le mois de décembre, Lucas FORTUIT s’intéresse aux régulateurs et imagine des champs d’investigation plus larges et plus utiles. Ne râlez pas, ce ne serait pas forcément une mauvaise chose !
Autoriser l’EIOPA, le superviseur européen, à revêtir l’habit du client-mystère auprès des institutions financières ne manquerait ni de sel, ni d’intérêt, assurément…
Une façon de fermer la boucle assurantielle, me direz-vous !
On directive en amont de la chaîne et on (cha)fouine en aval, sur le terrain, chez le prospect, le souscripteur, le sinistré, le distributeur, le guichetier, le gestionnaire, le prestataire, le bénéficiaire… pour dénoncer à la vindicte la mal-assurance et les chenapans à sanctionner qui ne respecteraient point les préceptes, chèrement édictés et imposés en haut lieu…
Une manière pour le régulateur vertueux de jouer à « l’envoyé spécial » et d’alimenter le chiffre d’affaires des officines et de leurs détectives à débusquer, sous le manteau, insatisfactions, manquements ou dysfonctionnements, de toutes sortes. Dans ce cas de figure, l’intermédiaire et l’assureur seraient mis au diapason à l’instar du franchisé, du restaurateur ou de votre coiffeur, par exemple !
Chiche.
« Supervoyeur »
À cette occasion, le « supervoyeur » pourrait contribuer à détecter les fraudeurs rampants et les blanchisseurs et ce faisant, à contribuer à réduire le montant des cotisations, la fraude étant la bête noire historique des assureurs.
L’enjeu financier est de taille, on le sait. Entre 5 et 10% des encaissements annuels, selon les fourchettes des actuaires. Ce n’est pas négligeable pour le pouvoir d’achat des ménages, devenu, selon les commentateurs-sondeurs, la première préoccupation des Français (sic), en marche ou non.
Et par la-même, mettre un holà aux émissions de radio, animées par des journalistes olé-olé qui n’ont de cesse de bouffer de l’assureur, à longueur d’antenne et d’année, pour faire monter la courbe de l’audimat victimaire entre deux respirations avec des allo indignés ! (à l’eau, en ce moment, malheureusement…).
Ce faisant, le superviseur s’attaquerait à la fraude citoyenne qui permet à tout un chacun de se faire rembourser un achat superflu, mal venu ou inutile, par exemple. Il suffit, parfois, d’un bon voisin, maladroit ou tête en l’air, rencontré au hasard d’une fête ou d’un proche bienveillant de son lotissement et qui n’a pas souscrit un contrat de responsabilité civile dans la même société d’assurances que le déclarant… Une aubaine bienvenue quand on sait que cette garantie n’est pas soumise aux règles dissuasives d’un bonus-malus, pour le moment. De là, à qualifier la garantie contractuelle de responsabilité incivile !
Cette initiative technocratique, visant à grimer les régulateurs en taupe de terrain, serait également l’occasion, pour ces derniers, de faire du tourisme, à bon compte, dans les régions touchées par les tempêtes et les évènements climatiques, notamment. Confidence d’expert averti qui ne veut pas dire son nom « Les assureurs impliqués ont beaucoup de mal à vérifier la matérialité des dommages occasionnés par un typhon ou par un ouragan qui a emporté toits et mobilier, mais aussi, factures, contrats et justificatifs… ». Mais, il faut bien clôturer l’évènement, doté d’un prénom, politique et réassurance obligent, tout en remettant, opportunément, en question l’assurabilité des catastrophes naturelles dans certaines contrées de la planète, devenues infréquentables, assurantiellement parlant…
Supervision de prévention
Cela dit, futurs audités en puissance, prenez donc garde au visiteur de complaisance qui, après avoir franchi, sans prévenir, le seuil de votre cabinet ou de votre établissement, vous entreprendrait, muni d’une liste de questions, voire d’une caméra cachée, en sus, puis, se mettrait à décocher, ensuite, avec une mâle assurance, ses flèches assassines dans un rapport à charge à votre endroit…
Quels que soient les résultats d’une telle intrusion dans les rouages de la maison assurance, autorisant le régulateur à se substituer aux prérogatives préventives des preneurs de risque, rassurons-nous, il n’y aura pas de miracle. Ce sont toujours les clients honnêtes qui paieront la note finale…
À bon cotisant, bon mystère !
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