Bonus / Chronique :
Obséquieusement vôtre... (1ère partie)

Nouvelle chronique en deux parties pour le printemps !
Lucas FORTUIT s’intéresse tout particulièrement aux contrats obsèques, parce que c’est la vie !

N’en déplaise aux tenants de la transmigration, près de 4,5 millions de Français ont souscrit un contrat obsèques, à ce jour…
Pour une poignée d’euros par mois, les prélevés ont tenu, ce faisant, à théâtraliser leur disparition, faute d’avoir été les metteurs en scène de leur naissance !
Ainsi, année après année, près d’un demi-million d’entre eux ne peuvent résister (succomber, oserais-je) au plaisir de scénariser leur départ terrestre vers l’au-delà. Parmi eux, on trouvera un certain nombre de seniors abandonnés dans des EHPAD et les maisons de retraite privées, et qui, doutant de la solidarité intergénérationnelle, craignent de finir dans un cercueil low cost en carton recyclé… ou de tomber dans l’oubli(ette) d’un jardin anonyme du souvenir (sic).
Cela dit, les sociologues vous diront que le cotisant n’a pas de profil type, que son âge moyen est de 66 ans et qu’il est majoritairement de sexe féminin (70%).

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Pourquoi un tel engouement mortuaire pour cet ultime sinistre, alors que certains médias, plus portés à justifier les impulsions d’achats inutiles des « bobos », sont, néanmoins, impuissants à persuader les souscripteurs que ces contrats « sont, en moyenne, perdants sur toute la ligne » ?
Ils ont beau ressassé que le capital versé après le décès serait le plus souvent inférieur aux cotisations prélevées (sic), l’argument ne freine point l’ardeur populaire !
C’est que le « contrat obsèques » est l’ultime placement à terme qui en possède un et également une aubaine pour les distributeurs, les pompes dites funèbres et les assureurs, qui mettent à disposition des experts funéraires (sic) pour accompagner le chaland avant son dernier voyage sans bagages, ainsi que ses proches désorientés, après la triste (terrible) nouvelle !

Mortelle correspondance

En ce qui me concerne, je ne figure pas encore au rang des élus malgré la ténacité épistolaire d’un assureur à distance respectueuse.
Pendant plus de 25 ans, une société spécialisée dans la vente de prévoyance par correspondance, a tenté de « m’avoir… comme client » en m’arrosant régulièrement d’une publicité obséquieuse, souhaitant ma disparition entre les lignes pour me convaincre de mutualiser avant de succomber (seul)…
Ainsi, chaque trimestre, sans interruption, j’ai trouvé un pli cossu, dans ma BAL, me vantant les charmes jouissifs de cette garantie post mortem. Pour une somme modique, en contrepartie, mes héritiers pouvaient ainsi assister à mes funérailles sans bourse à délier, sans gerbe, ni couronne… Vous connaissez la formule qui fâche les vendeurs de chrysanthèmes.

Pourtant, l’offre devenait de plus en plus tentante au fil des ans malgré mes lettres mortes… La gratuité des premières mensualités est ainsi passée de 1 à 3 mois et les cadeaux offerts de plus en plus bling-bling… Du réveil matin (une ineptie quand on sait qu’un mort a peu de chances de l’être après avoir passé l’arme à gauche) au stylo-enregistreur (sans doute pour m’assurer de la bienveillance des bénéficiaires du contrat à mon égard, de mon vivant mais, plus sûrement pour signer le contrat au cas où je n’en disposerais point sous la main). Preuve que les assureurs sont également d’opportuns assisteurs !
Devant tant d’avantages sonnants et très bûchants, je n’ai pu m’empêcher de penser que l’habile marketeur, actuaire averti était doté également d’une fibre commerciale ; un oiseau rare dans la profession, soulignerons, les mauvais coucheurs !
J’ai fait le mort jusqu’à ce que les envois cessent brusquement depuis janvier 2018…

Seconde partie ici !
Lucas FORTUIT