Bonus / Chronique :
Inspecteurs d'assurance policés (1ère partie)

Pour octobre, la chronique est divisée ! La première partie tout de suite, la seconde… à venir !
Après les avis, Lucas FORTUIT met son imper‘ et s’attaque aux inspecteurs. Quel statut, quelles ambitions pour ces superviseurs de le l’intermédiation commerciale ?

Première partie
Les dirigeants des sociétés d’assurance clament, haut et fort, que les inspecteurs du cadre demeurent aujourd’hui, à leurs yeux, le « chaînon indispensable au bon fonctionnement des entreprises d’assurance »  (sic).
Certains intéressés, déchaînés, en doutent.
On ne le leur reprochera point, syndicalement parlant, quand on leur propose de muter, à l’heure du digital, vers un emploi de « coaching » et d’accompagnement des réseaux de salariés, de courtiers ou d’agents généraux, ainsi que vers un rôle de multi-spécialiste (sic) !
Bigre, c’est bien autre chose que la traditionnelle mission de contrôle et de supervision que leur accorde la Convention collective nationale de l’inspection d’assurance du 27 juillet 1992.
Pourquoi une convention collective spécifique en plus de celle des employés et des cadres, me direz-vous ? À l’époque, il avait été reconnu par le patronat que « l’exercice de fonctions commerciales de haut niveau sur le terrain comporte des particularités justifiant un dispositif conventionnel autonome (sic) ».
C’était sans doute justifié… On notera la précision flatteuse de cette reconnaissance professionnelle ! À croire, qu’il existât des fonctions commerciales de moindre niveau ! Bonjour, l’ambiance.
Mais, retour de bâton, la suppression progressive de toutes les passerelles entre l’assuré et le preneur de risque, via Internet, a indubitablement réduit le sacro-saint terrain à un écran tactile de portable ou de tablette et a remisé les particularités catégorielles au musée des pratiques révolues ! Du moins, pas encore sur le papier…
De là, à ce que la convention protégeant ce statut n’ait plus de spécifique que de nom !

Quand l’assuré n’était pas encore l’internaute-zappeur, qu’il est devenu aujourd’hui, souvent, malgré lui, l’inspecteur, dominici itinérant de l’assureur, était le relais indispensable entre le siège et l’emblématique terrain… Un métier d’hommes, sauf exception. L’homme de terrain vs l’homme du siège ; deux mondes différents à faire cohabiter verticalement au sein de la même entité. Qu’il soit expert, commercial ou comptable, voire, parfois, les trois en même temps, c’est lui que le siège ou l’intermédiaire, esseulé ou novice, interpellait pour solutionner une problématique domestique, visiter un risque ou défendre les intérêts de la compagnie en cas de grabuge. L’avaleur de bitume, homme du cru, bien souvent, fin connaisseur des us et des coutumes locales, avait de réels pouvoirs de négociation, cultivant l’accent de sa région pour marquer sa différence et reléguant le siège à un rôle d’enregistrement ex-post…
L’inspecteur général, quant à lui, sorte de préfet de région, était à la tête d’un escadron de grognards divisionnaires, disposant de pouvoirs de recrutement, de souscription et de règlement des sinistres, plus ou moins étendus. Son arme de persuasion ou de dissuasion locale : un budget commercial, âprement négocié, à répartir selon leur humeur et les objectifs du moment…
Inutile de vous dire que le coût d’acquisition d’une affaire nouvelle était conséquent mais, amortissable dans le temps eu égard à la durée de vie pluriannuelle d’un client en portefeuille, à l’époque…

À suivre…

Lucas FORTUIT